Le « seul témoignage d'un duo d'exception » par Jazz Magazine

INÉDIT. Éric Le Lann peut se féliciter d'avoir demandé à Vincent Mahey d'enregistrer ce concert donné à l’été 1999 sous l'immense peuplier des Jardins de Limur à Vannes, seul témoignage d'un duo d'exception qui prendra fin en 2010. Soit quinze ans d'existence. L'art de la conversation instantanée à son sommet.

« Jouer avec Martial fut, affirme Le Lann, un des plus grands bonheurs de ma vie musicale. C'est le plus grand musicien de la réponse. Son oreille d'improvisateur, orchestrateur et compositeur instantané est vraiment phénoménale. Dialoguer avec lui exige toujours une énergie folle. » Et Solal de répliquer : « Mon duo avec Eric fut de loin le plus agréable. J'aime sa sensibilité musicale, sa capacité de réaction, les propositions qu'il me fait. Je pourrais dire d'Éric qu'il joue beau. » Sans tambours mais avec trompette (magnifique de bout en bout), grâce à une générosité d'écoute, avec comme tremplin une suite de standards archi visités (The Man I Love, Body And Soul...) ce duo quasi télépathique témoigne à chaque plage d'un magnétisme magique, renforcé par « une même approche du jazz » (Solal). La façon si stimulante d'accompagner de Solal donne à Le Lann une très grande liberté. C’est que l'un sait toujours attendre que l'autre fasse une phrase pour l'attraper au vol, la souligner, rebondir, contrarier s'il le faut ses idées, proposer d'autres directions, suivre ses suggestions, aiguiser son sens de la répartie. Tout est possible. Quel festival d'intelligence et de connivence ! Comme l'a écrit Cioran : « seule la musique peut créer une complicité indestructible entre deux personnes ». Avec Solal, Le Lann partage le même refus de se répéter et de jouer deux fois la même chose. Seule importe l'improvisation vive. Le risque de l'instant partagé à la vitesse de la pensée. Chapeau bas !

Pascal Anquetil – Jazz Magazine