« Un sens inné du swing et une grande expressivité » par Le Salon Littéraire

« (…) Eunice Kathleen Waymon, qui n’était pas encore Nina Simone, se rêvait pianiste concertiste. Son domaine était alors la musique classique pour laquelle elle manifestait depuis son jeune âge de grandes dispositions. Les circonstances vinrent se mettre en travers de son projet et conditionnèrent sans doute, outre son orientation vers d’autres genres musicaux, dont le jazz, l’engagement social et politique qui occupa dans sa vie une place majeure. Mondialement connue pour son talent de chanteuse qui la place dans la lignée de Billie Holiday, elle n’a jamais, pour autant, délaissé le piano.
En témoigne le coffret Nina’s Blues, 1959-1962, quatre CD couvrant le début de sa carrière. Ils regroupent sept albums 33 tours et autant de 45 tours, soit l’intégralité de sa production de l’époque. Elle y fait déjà preuve de toutes les qualités qui s’épanouiront par la suite : un sens inné du swing et une grande expressivité, tant dans l’interprétation du blues classique et du gospel que des thèmes de jazz. Ainsi donne-t-elle sa pleine mesure dans le répertoire ellingtonien qui occupe une douzaine de titres, ou dans sa prestation au Festival de Newport en 1960. Sans parler de ses compositions personnelles. Pour s’en tenir au seul piano qui nous occupe ici, comment ne pas admirer la technique toute classique et le feeling qu’elle déploie tout du long de ces albums ? L’un et l’autre sont au service d’un art consommé de l’improvisation. Un bel exemple en est fourni par la version instrumentale de Summertime de George Gershwin, enregistrée en prélude à la version chantée lors de son concert de 1959 au Town Hall. (…) »
Par Jacques ABOUCAYA – LE SALON LITTERAIRE