« A la poursuite du Graal de prise en prise » par Jazz Magazine

Voici donc Charlie Parker sur la côte Ouest, le 28 mars 1946 pour une première séance Dial. Moose the Mooche, Yardbird Suite, Ornithology et Night in Tunisia dont le génial et fameux break fit tourner en bourrique ses comparses Miles Davis (tp), Lucky Thopson (ts), le singulier Dodo Marmarosa (p), Arv Garrison (elg), Vic McMillan (b) et Roy Porter (b). Puis à deux occasions, il jamme longuement pour le JAPT sur le blues, I got Thythm et Cherokee (avec pour « rivaux » saxophonistes Willie Smith, Benny Carter, Lester Young et Coleman Hawkins). Une radio d’une qualité médiocre le fait encore jouer Ornithology avec le trio de Nat King Cole, ce qui mérite tout de même de tendre l’oreille. Le 29 juillet, c’est le drame. Charlie Parker craque sur un Lover Man qui divise encore les fans. Il faut attendre sa sortie de l’hôpital de Camarillo pour le retrouver, totalement retapé, en quartette avec Russ Freeman (séance privée) puis avec Erroll Garner (séance Dial d’où sortiront notamment les fameux Bird’s Nest et Cool Blues). Une dernière séance sur la côte Ouest avec Howard McGhee (tp), Wardell Gray (ts), Dodo Marmarosa (p), Barney Kessel (elg), Red Callender (b) et Don Lamond (dm) et un titre en privé toujours avec McGhee, mais Hampton Hawes (p), Addison Farmer (b) et Roy Porter (dm), et le voici de retour à New York le 8 mai 1947, enregistrant pour Savoy avec son nouveau quintette (Miles Davis, Bud Powell pour l’occasion, Tommy Potter, Max Roach) avec au programme Donna Lee, Chasin’ the Bird, Cheryl et Buzzy. Un Miles encore hésitant malgré des éclairs de génie, un Max Roach qui se cherche encore et un Charlie Parker qui se trouve, à la poursuite du Graal de prise en prise. Tout ça réédité par les bons soins d’Alain Tercinet. Franck BERGEROT – JAZZ MAGAZINE