« De purs régals » par Jazz Magazine/Jazz man

On connaît la spécialité de cette tortue rose : la reprise des tubes de l’ère pop-rock par une bande de musiciens d’obédience plutôt swing. Avec ce troisième album (après un « Back Again » où ils dispersèrent un peu leur talent), mes réserves fondent. Pas toutes… parce que les vraies réussites de cet opus font paraître la jazzification d’Imagine de John Lennon quelconque et longuette tandis que sur un bel arrangement pour big band d’Isn’t She Lovely, la voix de Christophe Davot est insuffisamment décalée de l’original pour ne pas paraître pâlotte. En revanche, la proximité de la voix de Patrick Bacqueville avec celle de Mark Knopfler sur Sultans of Swing est troublante et son Nothing from Nothing de Billy Preston en en boogie est irrésistible. Le stride qui soutient le Don’t Stop de Fleetwood Mac, le groove néo-orléanais adapté au You’re the One that I Want tiré du film Grease, le détournement en jazz ballad de You Really Got Me des Kinks, tous parsemés de savants clins d’œil sont de purs régals. Mais on gravit les sommets avec la version en big band du Get Up Stand Up de Bob Marley et l’on confine au chef-d’œuvre avec Hard Day’s Night ellingtonisé par Michel Bonnet, où John Lennon semble tendre la main à Bubber Miley et Tricky Sam. Franck BERGEROT – JAZZ MAGAZINE/JAZZMAN