« Déjà unique » par Jazz Magazine

Sonny Rollins : « Tous les disques que j’ai enregistrés jusqu’en 1960 avaient cette particularité, si j’ose dire, de ne pas se ressembler, ils mettaient en évidence, non pas un, mais plusieurs styles ». Qu’en est-il donc du « premier Rollins » des années 50 que l’on présentait comme l’équivalent, au ténor, de Charlie Parker ? Son phrasé n’est pas encore aussi ciselé et varié qu’il ne le sera plus tard  (dans « The Bridge » par exemple), mais aux côtés de Miles Davis ou de Thelonious Monk, son jeu a quelque chose de spontané et d’explosif qui le rend déjà unique. En témoigne la fameuse confrontation amicale où il tient la dragée haute à Coltrane dans « Tenor Madness ». Cette compilation permettra aux amateurs d’en juger par eux-mêmes. Les 17 enregistrements qu’elle réunit, accompagnés par des liner notes très instructives d’Alain Gerber et d’Alain Tercinet, font apparaître un musicien immergé dans le hard bop qui semble enchaîner les expériences originales, It Could Happen To You, le premier solo de ténor enregistré depuis Picasso gravé en 1948 par Colemen Hawkins, ou encore la réunion d’un trio sans piano avec Wilbur Ware et Elvin Jones. Voilà donc un très bon outil pour découvrir le jeune Rollins. Mais un outil qui a les défauts de ses qualités : pour les nouveaux convertis, cette compilation ne peut que donner envie de se procurer l’intégralité des enregistrements de cette période ! Martin GUERPIN – JAZZ MAGAZINE