« Délicatesse, classe et musicalité. Royal ! » par Je Chante

Depuis l’aventure « Paris musette » au début des années 90, Daniel Colin est une star au Japon. Il se produit régulièrement au pays du Soleil levant, où il est considéré comme une sorte de « trésor national vivant », et y sort des disques produits par Kenichi Takahashi pour son label Respect Records – « French café music » en 2007, « Chansons d’amour de Paris » en 2008, « Mon cœur est un accordéon » en 2011-, repris généralement en licence chez Frémeaux. C’est le cas pour cette « Rencontre à Paris », (inédite, en tous cas sur disque), enregistrée à paris en mai-juin 2010 pour Respect records, par deux légendes du dépliant, Daniel colin (accordéon, bandonéon) et Raoul Barboza, l’Argentin de Paris, roi du chamamé. L’Equipe est la même ou presque : Dominique Cravic, guitare et chant, Claire Elzière, chant, Grégory Veux, piano, Laurent Larcher, contrebasse, plus quelques invités ici ou là. Les Japonais considèrent l’accordéon et la chanson rive gauche comme de la musique parisienne typique et éternelle. Au programme donc, un panaché de chansons plus ou moins connues (« Pigalle », la belle version d’ « A Paris dans chaque faubourg » ou « La vie », jolie chanson méconnue de Léo Ferré), et portées par le joli timbre de Claire Elzière, chanteuse à la justesse absolue, ou par celui, très particulier, de Dominique Cravic, qui réussit à nous émouvoir sur une scie comme « Les Feuilles mortes » et donne une interprétation haut de gamme, co-chantée avec Claire, de « Quel temps fait-il à Paris ? » : émotion et nostalgie. Les instrumentaux conjuguent délicatesse, classe et musicalité : « Indifférence » de Muréna et « La Foule » sont réinventés par un duo d’accordéonistes à la complicité immense : chacun fait un pas vers l’univers de l’autre (cf. aussi sur « Fervente illusion », composé par Barboza ou le mélancolique « Spontané », co-signé par les deux) ; Cravic signe, quant à lui, un sensible « Amigo Amigos » tout en légèreté avec arrangements aux petits oignons. Certes, tout cela est calibré pour le Japon, mas ces cadors dépoussièrent le répertoire avec poésie rare et l’enrichissent de quelques compos bien senties. En tous cas, une rencontre évidente que celle entre Daniel Colin et Raoul Barboza : ils poétisent d’un bout à l’autre. Royal !
Par Francis COUVREUX – JE CHANTE