« Des perles inestimables » par Jazzman

On ne peut pas vous le cacher. Cette intégrale que nous attendions depuis longtemps a de la peine à prendre son envol. En 1935, Django est encore recherché comme guitariste de variété. Aussi les séances jazz sont-elles entrecoupées de séances d’accompagnement pour des chanteurs d’un inégal intérêt. Daniel Nevers multiplie les digressions au fil d’un livret confus dont on n’est cependant pas prêt d’épuiser les ressources. Et lorsqu’il nous apprend qu’un collectionneur lui a refusé trois pièces (deux alternate de Chinatown et un Bright Eyes pour une séance de balance) pour se la jouer perso dans une autre édition, on devient jaloux de ce que l’on possède. Des perles inestimables que Grapelli et Reinhardt parviennent à placer derrière les très ringards Nitta Rette, André Pasdoc, Jean Tranchant ou Yvonne Louis aux faces de Jean Sablon en parfaite symbiose avec ses accompagnateurs. Reste dix-sept titres du plus pur jazz interprétés par le Quintette (un St Louis Blues surréaliste et un I Got Rhythm négocié comme un circuit de formule 1), Garnet Clark and his Hot Club’s Four (avec Bill Coleman, Django étant confiné dans un rôle de rythmicien) et Michel Warlop à la tête d’un octette au sein duquel la guitare du manouche est gagnée par l’incandescence d’un violon pyromane. Nous sommes parvenus en 1936. A quatre chansons près sur le volume 5, l’intégrale ne devrait plus nous laisser de répit. Franck BERGEROT - JAZZMAN