« Des trésors à redécouvrir » par Musiqu'azimuts (Bibliothèque municipale de Lyon)

« Que Lyon soit une métropole mondiale, nul ne saurait en douter à la Bibliothèque municipale de Lyon et la musique vient parfois renforcer cette idée un peu mégalomane quand des œuvres de traditions musicales du monde entier sont jouées et produites à Lyon. Le CMTRA (Centre des musiques traditionnelles de Rhône-Alpes) étudie et fait connaître depuis près de 20 ans ce trésor des musiques lyonnaises issues de l’immigration. Vous pouvez retrouver dans nos collections les Musiciens du Maghreb à Lyon, Lyon orientale, les pentes de la Croix-rousse où se côtoient les chants traditionnels de la colline et du monde, la Guillotière, des mondes de musique (avec un film magnifique) et consulter le site internet Musiques du 8ème. Cette fois sort un triple CD qui n’est pas du collectage mais une anthologie de cassettes (surtout) et de vinyles de musiques d’origine traditionnelle maghrébine publiés à Lyon entre 1972 et 1998. Lyon était un grand centre, de l’immigration maghrébine en France mais aussi de ses musiques, avec 3 maisons d’édition musicale, un studio d’enregistrement et de nombreux musiciens et chanteurs professionnels ou surtout semi-professionnels travaillant aussi en usine ou sur des chantiers. Mais toutes ces musiques n’ont pas eu la chance et le succès de Carte de séjour et de Rachid Taha, la commercialisation de ces œuvres s’est le plus souvent limitée à des commerces fréquentés par des immigrés maghrébins. Mais elles gagnent à être connues, d’autant que ce triple CD nous offre une sélection des meilleurs et des plus représentatives, du moins parmi celles qui ont pu être retrouvées et dont les droits ont pu être négociés. Car chance pour le futur, regret pour le présent, il reste des trésors à redécouvrir dans ce domaine. Ces chansons nous parlent de l’exil et du pays lointain laissé, de la vie quotidienne en France, des difficultés avec la police et les cartes de séjour, d’amour et d’amitié, bref de quotidien et d’universel. Tunisie, Algérie et Maroc sont représentés, et tous les styles musicaux, du malouf au raï. C’est une plongée salutaire dans l’univers de musiciens pauvres exilés dont l’œuvre n’est pas moins riche que celle de vedettes. »
Par MUSIQU'AZIMUTS (BIBLIOTHEQUE MUNICIPALE DE LYON)