« Idéales portes d’entrée dans le monde d’Henry Mancini » par Jazz News

Il est difficile d’imaginer aujourd’hui combien la notoriété actuelle d’Henry Mancini est proportionnelle aux violentes critiques qu’essuya de son vivant le célébrissime auteur du thème de La Panthère Rose et géniteur de standards absolus comme « Moon River » ou « Days of Wine and Roses ». Comme le rappel Alain Tercinet dans de lumineuses notes (et à la suite du critique américain Gene Lees en son temps), les charges émanaient principalement du monde du jazz : ces contempteurs ne comprenaient apparemment pas à l’époque ce que les scores de Touch of Evil (Orson Welles), Breakfast at Tiffany’s (Blake Edwards), Hatari ! (Howard Hawks) contribuaient à changer à Hollywood. S’il n’est pas le premier à avoir utilisé la grammaire et la syntaxe du jazz dans la musique pour l’image, Mancini a largement contribué à desserrer l’étau de la musique symphonique européenne au profit d’une science de l’arrangement et de l’harmonie puisée chez Stan Kenton, Gil Evans ou le MJQ. De même, en s’entourant d’un aéropage West Coast (Shelly Manne, les frères Candoli, Shorty Rogers), il mit en valeur des qualités nouvelles dans la contrainte difficile de l’illustration : dureté, détente, rythme. Et puis les succès commerciaux (les thèmes de la série télévisée Peter Gunn) firent bien quelques jaloux. L’histoire leur donna tort comme en témoignent ce deux CD, idéales portes d’entrée dans le monde d’Henry Mancini. Bruno GUERMONPREZ – JAZZ NEWS