« Insatiable chercheur de sons » par Jazz Mag-Jazzman

Césarius Alvim s’était fait connaître du public français dans les années 70 quand il tenait la contrebasse aux côtés de Jean-Pierre Mas dans l’album « Rue de Lourmel » qui fut un joli succès du jazz français de l’époque. Sur l’instrument dont il devint rapidement l’un des meilleurs spécialistes européens, il fut aussi le complice de Martial Solal, et c’est peut-être la fréquentation des deux hommes qui l’amena, dans les années 80, à se remettre au piano avec lequel il avait fait ses débuts. Cette renaissance fut marquée par le très bel album « Threefold » qu’il fit en 1988 avec Eddie Gomez et Eric Le Lann (également sur le label La Lichère fondé par le regretté Patrick Tandin) où il avançait déjà ses conceptions evansiennes de la musique. Avec « Contrapunctuns », le voilà lancé dans l’aventure du re-recording qui lui permet de tenir les deux rôles pour maîtriser l’art du contrepoint qu’il a choisi d’explorer. Ainsi, dans Poème pour un rêve, la superposition des deux lignes mélodiques est particulièrement réussie et si le jeu du piano a un petit air de Bach, c’est bien dans l’univers de Bill Evans que nous nous retrouvons. En témoigne son introduction dans Hart Dancing où il ne tient pas à cacher sa filiation. Citons aussi son adaptation de La Marseillaise, hommage d’un étranger à la France que l’on pourrait faire écouter à quelques ministres de l’intérieur, et dans The Message, l’émouvante participation de sa mère qui, à 83 ans, n’a pas du tout oublié le rôle de soliste qui fut le sien aux côtés de Villa Lobos. Un disque sans tapage où la musique est reine et où Cesarius Alvim montre une fois de plus quel musicien sensible et quel insatiable chercheur de sons il est. Philippe VINCENT – JAZZ MAG-JAZZMAN