« Inventif et créatif » par Jazzmag-Jazzman

Contrairement à divers filous masqués qui rééditent à tour de bras en effaçant sans vergogne le nom des labels d’origine, Mister Frémeaux et ses Associés soignent le travail éditorial et ne manque pas de rappeler que telle ou telle face du domaine public (plus de cinquante ans d’âge) est d’origine Blue Note, Columbia, RCA, Atlantic ou Fontana. Autant d’étiquettes sous lesquelles Art Blakey et ses Messengers ont gravés moult cires qui ont accompagné le quotidien de ces jazzfans qui écoutaient religieusement Pour ceux qui aiment le jazz sur Europe N°1, se rendaient à l’Olympia pour applaudir fiévreusement (ou siffler copieusement !) leurs idoles, après s’être procurés chez leur disquaire favori les nouveaux 33-tours microsillon qui venaient juste d’être chroniqués dans Jazz Hot ou Jazz Magazine… Cette double compile nous replonge dans cette époque bénie et suit à la trace l’évolution des messagers du grand chef aux baguettes de feu, des séances Blue Note de 1947 (New York) au concert du Théâtre des Champs-Elysées de 1959 (Paris) en passant par l’Olympia, le Birdland ou le Café Bohemia. Douze ans d’histoires de bop, qui du be passe au hard pour glorifier le funk (avec l’aide de quelques merveilleux compagnons de route nommés Horace Silver, Bobby Timmons, Kenny Dorham ou Hank Mobley). Via les voies et les voix nouvelles explorées par Wayne Shorter, qui succéda à Benny Golson, Art et sa bande annonceront même le jazz encore plus protéiforme de la décennie suivante, certes balayé côté popularité par le rock et la soul, mais pas moins inventif et créatif. Comme d’habitude, remarquables liner notes : on conseille cependant aux néophytes de lire d’abord celles d’Alain Tercinet puis, dans la foulée, celles d’Alain Gerber. Message personnel : il faudrait peut-être songer à « relooker » cette série, dont le design commence un peu à dater… Julien FERTE – JAZZMAG - JAZZMAN