« L’éclat de Tharpe » par Jazz Magazine

Pas aussi dense que le précédent volume de cette intégrale, ce tome 5 ne manque ni d’allégresse bien dispensée, ni d’expériences nouvelles. La chanteuse-guitariste y achève en 1956 sa longue association avec Decca au profit de Mercury et va au devant d’un public plus large que celui du gospel, entre jazz et variété, un peu comme Mahalia Jackson en entrant chez Colombia. Mais on l’entend d’abord dans une série de formules – en duo, en petites formations, avec un choeur ou des groupes vocaux – qui la font aller et venir entre le religieux et le profane. Depuis ses débuts, Rosetta n’avait jamais reculé devant le pur spectacle et y excellait avec une ferveur qui ne lui valut pas que des compliments de son Eglise. Le contralto maîtrisé de sa grande partenaire Marie Knight, « Sanctified shouter », complète idéalement l’éclat de Tharpe et sa guitare de blueswoman. On aime aussi la retrouver auprès du pianiste Sam Price ou des Harmonizing Four – avec lesquels la chanteuse fait ses derniers pas chez Decca pour les retrouver peu après chez Mercury. Sous l’égide de cette nouvelle marque, Tharpe revisite quelques thèmes traditionnels, en particulier des spirituals, avec d’excellents musiciens de jazz/R&B. En prime, on nous offre un réjouissant Didn’t It Rain, Children ? gravé vers 1950-51 à l’Apollo de Harlem. En revanche dans le milieu du rhythm & Blues elle a fait mieux que les faces ici présentes avec l’orchestre de Lery Kirkland. Philippe BAS-RABERIN – JAZZ MAGAZINE