« L’essentiel des bases indispensables » par Bulletin du Hot Club de France

Cette initiation à l’écoute du jazz sera appréciée aussi bien par l’amateur nouveau venu que par celui qui jusque-là s’est contenté d’une écoute bienveillante mais superficielle. En douze pages du livret, Jacques Morgantini fournit l’essentiel des bases indispensables. Après avoir évoqué les origines du jazz, ses caractéristiques (rythme, style mélodique, swing, improvisation), la composition et le fonctionnement d’un orchestre, le professeur entre dans les détails et en arrive aux travaux pratiques. Les enregistrements alignés sur le CD illustrent chacun des points examinés. Les commentaires et l’écoute débutent avec le style Nouvelle Orléans et l’improvisation collective sur le modèle de Gettysburg march de Kid Ory. Pour la même rubrique, dans un registre magistral, Louis Armstrong intervient avec l’éblouissant Potato head blues et son fameux stop chorus ; ensuite se trouve un moment rare d’improvisation à cinq Oh didn’t he ramble de Jelly Roll Morton. Très rapidement les grands orchestres se multiplièrent et nécessitèrent le recrutement d’un arrangeur pour organiser la musique des différentes sections où vont s’insérer les interventions des solistes. Duke Ellington se révèle un maître dans l’art de modeler la matière sonore, exemple Dusk. Il convient de rappeler que, dans les années 20, les interprétations étaient souvent plus élaborées qu’elles ne le devinrent ensuite. Outre le refrain, les musiciens utilisaient alors fréquemment le couplet (verse), pratique qui a quasiment disparu. De surcroît, il n’était pas rare que plusieurs thèmes se succèdent dans un même titre. Par ailleurs, il faut noter également que des procédés typiques sont tombés en désuétude : stop chorus, interlude, breaks…A propos du recours au breaks (phrases jouées sans accompagnement) qui pimentent de manière excitante les interprétations, plusieurs exemples sont proposés : C Jam blues de Duke Ellington, Kaiser’s last break de Mezzrow-Bechet, The King de Count Basie, Bye and Bye de Louis Armstrong, Star Dust de Lionel Hampton, Wild Man blues de Sydney Bechet. Les interprétations sont basées sur un thème à partir duquel se développe l’improvisation en respectant la structure harmonique. Certains morceaux comportent plusieurs thèmes tel Black and tan Fantasy de Duke Ellington (thème de 12, 16 et 12 mesures). Les morceaux les plus communément employés, outre le blues, sont les thèmes de 32 mesures avec pont AABA) : Doggin’around et Rock-a-bye Basie de Count Basie, Wednesday night hop d’Andy Kirk, Christopher Columbus de Fletcher Henderson, Riding on 52nd Street de Coleman Hawkins (ce dernier titre utilise exclusivement le couplet). Il existe bien d’autres formes, notamment des 16 mesures avec pont (Dusk et Stompy Jones de Duke Ellington), des 16 mesures sans pont (Portrait of the Lion de Duke Ellington), des 16 mesures avec queue (Baby won’t you please come home de Louis Armstrong), etc. Les informations brillamment prodiguées par Jacques Morantini dans le livret (notamment le déroulement de chacun des enregistrements est minutieusement détaillé) mises en lumière par la musique du CD feront forcément progresser l’amateur dans sa connaissance du jazz.
A.V. – BULLETIN DU HOT CLUB DE FRANCE