« L’incubation sonore du bain culturel des sound-system de Kingston » par NPA

« Avant le reggae, il y eut le rock¬steady, et avant encore, le ska, la première musique explicitement jamaïcaine, celle qui accompagna l’indépendance de l’île en 1962. Les Waillers gravèrent alors les premières versions sautillantes de certains de leur futurs classiques mondiaux (« One Love », « Put it on », etc.). Mais cette rythmique particulière ne naquit pas de nulle part, elle émergea par lente incubation sonore du bain culturel des sound-system de Kingston. Ces lieux où dans les années 50, toute une jeunesse écoutait les hits r’n’b de La Nouvelle-Orléans et de tout le sud ségrégationniste, qui débarquaient le matin même parfois par bateau. Les « stars » se dénommaient Louis Jordan, T-Bone Walker, Rosco Gordon, etc. ces petits héros oubliés d’un blues fiévreux qui ne s’appelait pas encore « rock’n’roll », et auquelle journaliste Nick Tosches consacra ses plus belles chroniques. Puis certains artistes locaux décidèrent de marcher dans les pas de leurs héros, de livrer un « jamaican shuffle » où les jeunes Bob Marley, Owen Gray ou Cornell Campbell prennent petit à petit leurs marques. On y devine déjà ce petit skank tape cul qui n’a pas fini de faire danser le monde. En 3 CD, ce coffret vous permet donc surtout de comprendre à quel point la musique populaire est d’abord une affaire de « vol sain » et pas de copyright… »
Par King MARTOV - NPA