« L’intérêt d’une telle anthologie tient autant aux succès, qu’aux pièces rares » par Jazz Magazine

Si June Christy apparaît ici au tout premier rang avec des extraits de son « Something Cool » (le seul de ses disques qu’elle estimait vraiment bon), précisons que les jazz dit « cool » et « West Coast », dont les appellations, ne sont pas synonymes, ont pour grande partie en commun, outre une certaine douceur, l’arrangement comme priorité. On aura garde d’oublier en effet que derrière les talents de ces chanteuses et chanteurs ici réunis se tenaient des plumes expertes et raffinées : Pete Rugolo, Shorty Rogers, André Prévin, Marty Paich, Johnny Mandel, Russell Garcia, Bill Holman. Et parfois, a contrario, un instrumentiste seul, comme dans le « Cry Me A River », « hit » absolu de Julie London où elle est accompagnée par Barney Kessel. Ce qui n’est rien dire de la qualité des solistes dont, plus encore que les vocalistes, il serait fastidieux de dresser ici la liste, et qui, parfois même, constituent l’intérêt premier des morceaux. En outre, l’intérêt d’une telle anthologie tient autant aux succès et classiques du genre (June Christy, Chris Connor, Doris Day, Bob Dorough, Mark Murphy, Mel Tourmé…) qu’aux pièces rares, si ce n’est totalement inconnues. Entre les deux, par exemple, Jo Stafford, ignorée en France mais star aux Etats Unis dans les années 1950, chanteuse de « variétés » si l’on veut mas capable de jazzer (« Jo+Jazz »), et surtout l’une des plus belles voix de ces années-là, lumineuse et transparente. Côté mecs, ne pas manquer les voix surprenantes de Bobby Troup, ou Tony Perkins, oui celui-là même qui interpréta si bien le rôle de Norman Bates dans « Psycho ».
Par Philippe MEZIAT – JAZZ MAGAZINE