La coqueluche du Tout-Paris par Le Monde de la Musique

Eric Rémy, responsable de cette édition Joséphine Baker, raconte qu’en 1928, pour la venue de la chanteuse à Vienne, on débattit officiellement du bien-fondé de ses « Neger-smasch » et autres « danses païennes à figures cuivrées » ! Née en 1906 à St Louis, dans le Missouri, Joséphine Baker débute enfant dans la troupe d’une chanteuse de blues avant d’acquérir une réputation de comique filiforme sous le nom de Jo-le-clown. C’est ainsi qu’elle apparaît pour la première fois en France, au Théâtre des Champs-Elysées, dans la Revue nègre succédant aux Ballets russes et suédois. L’Europe découvre le jazz et les figures étranges d’une danseuse « qui marche les genoux pliés, vêtue d’un caleçon en guenilles » tenant à la fois du kangourou et du coureur cycliste. Vedette des Folies Bergère au milieu des années vingt, elle devient la coqueluche du Tout-Paris. Sacrée nouvelle artiste du music-Hall, elle peaufine son art du chant qui, compte tenu d’un registre limité, ne peut rivaliser avec celui des grandes voix noires des années trente, Ethel Waters, Billie Holliday et Ella Fitzgerald. Les trente-six chansons retenues pour ce double album privilégient les qualités vocales de Joséphine Baker, magnifiquement restituées sur le plan technique. Ainsi, du célébrissime, J’ai deux amours, composé par Vincent Scotto, à l’égrillard Voulez-vous de la canne à sucre ?, succès de la revue Paris qui remue –les deux écrits de 1930-, Joséphine Baker brille par son charme et le  choix de ses chansons. Car si elle ne composait pas, elle savait ce qui était pour elle et les chansonniers se pressaient autour d’elle. Au cinéma, elle chante les éblouissants C’est lui ! de Bernstein et Parys, et Kaïti de Scotto dans Zouzou de Marc Allégret, et lorqu’elle reprend des titres américains, elle privilégie Irving Berlin (Blue Skies), Freed/Brown (I’m feeling’ like a million), Gershwin (That certain feeling), Cole Porter (I’ve got you under my skin - en français Vous faites partie de moi - et Easy to love - C’est si facile de vous aimer) ainsi que Richard Rodgers (There’s a small hotel - rebaptisé C’est un nid charmant). Franck MALLET – LE MONDE DE LA MUSIQUE