La magie reste ! par Biblionline

« Ella Fitzgerald (1916-1996) fut avec Billy Holiday, Sarah Vaughan et Dinah Washington l’un des plus célèbres et talentueuses chanteuses de la grande époque du jazz américain. (...) » Albi Bop BIBLIONLINE
 
© Albi Bop

« Ella Fitzgerald (1916-1996) fut avec Billy Holiday, Sarah Vaughan et Dinah Washington l’un des plus célèbres et talentueuses chanteuses de la grande époque du jazz américain. Si l’image qu’il nous reste de Billie Holiday est celle d’une femme en souffrance, une sorte de Piaf noire dont la voix écorchée, un peu fausse et brute collait à merveille avec le blues inhérent aux ballades jazz, à l’inverse, celle d’Ella reste dans les mémoires comme une merveille de justesse, de sophistication et de virtuosité. Ce disque permettra encore une fois de le constater !
Il compile en deux CD les enregistrements que lui a fait faire la firme Decca entre 1936 et 1955. Le premier CD la fait entendre en compagnie d’un seul pianiste, Ellis Larkins sur des thèmes à tempo modéré issus de comédies musicales de Broadway signées pour nombre d’entre elles par George et Ira Gershwin et Cole Porter, Richard Rodgers et Oscar Hammerstein. II. Hormis cette pureté de la tonalité, ses glissandos d’une note à une autre (cf. vers la fin de « Looking for a boy ») sont proprement stupéfiants. C’est aussi une sensualité et une émotion toute en retenue que l’on appréciera dans les ballades comme « How long has this been going on ».
L’autre caractéristique de cette chanteuse, c’est son sens aigu du tempo qui lui permet de prendre des libertés avec le rythme écrit de la mélodie, d’assouplir cette dernière et ainsi de la faire swinguer. (cf :« Makin’ whoopee » et « My heart belongs to daddy » que chantera avec plus de peps mais de manière plus rigide Marilyn Monroe »).
Enfin ce fut une virtuose de l’improvisation vocale. A l’instar du prolixe Charlie Parker, elle peut partir dans des envolées flamboyantes, scatter, digresser autour du thème à l’infini et toujours retomber à la double croche près avec la mélodie originale. C’est ce que l’on pourra entendre sur le CD 2 où on la retrouve en compagnie de divers grands orchestres. Celui de Sid Oliver, de John Scott Trotter, André Prévin et celui de Benny Carter.
Le premier titre et quelques autres surprendront par la « juvénilité » de la voix de la chanteuse qui perd alors de son fameux haut médium velouté. Un problème de report ou de vitesse de lecture de bande ? Si on veut mettre en évidence les qualités musicales de Fitzgerald, retrouvons là en plein scat sur le blues groovy « Smooth sailing » ou « Blue lou ». Lorsque son manager Norman Granz crée son propre label « Verve » il prétexta de la piètre qualité des productions de Decca, dévalorisantes selon lui pour sa chanteuse. Mais cette compilation montre l’étendue et la diversité des genres : comédies musicales, spirituals, duo intimistes, concerts enfiévrés, blues rugueux, ballades un peu sirupeuses (orchestre André Perin), dans lesquels on lui proposa de faire montre de ses talents. Que l’on retrouvera évidemment sous une autre étiquette mais intacts. Le business passe, la magie reste ! » Albi Bop BIBLIONLINE
 
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