La quintessence de l’art mulliganien par Jazz Magazine

La période 1946-1955 représente t-elle toute la quitessence de (c’est-à-dire, selon le dictionnaire, «ce qu’il y a de principal, de meilleur, de plus parfait dans» la carrière de Mulligan, qui a aussi fait de belles choses après cette décade ? En tout cas, si ce n’est pas le cas, on n’en est pas loin. Cette période recouvre en effet les collaborations avec les grands orchestres de Gene Krupa (How High The Moon), Stan Kenton (Young Blood) et Elliot Lawrence (Happy Hooligan), les formations de Kai Winding et George Wallington, le tentet de 1953 (Westwood Walk) dans lequel Mulligan est tout à la fois le compositeur, l’arrangeur, le leader et le superbe saxophoniste baryton que l’on connaît… Et puis, il y a les faces historiques gravées avec le nonet de Miles Davis (Jeru, Rocker) et, quelques années plus tard, Chet Baker, dont celles avec le fameux pianoless quartet : Lullaby Of The Leaves, Bernie’s Tune, Line For Lyons, Bark For Barksdale, Darn That Dream, The Lady Is A Tramp … et bien sûr, la sublime version de septembre 1952 de My Funny Valentine que l’on pourrait bien considérer, à elle seule, comme la quintessence de l’art mulliganien.

Patrick POMMIER - JAZZ MAGAZINE