La sélection est exemplaire par Le Cri du coyote

Voici, sans doute, un des coffrets (2CD) les plus réussis de la série. Il s’attache au style qui est le "cœur, l’âme et la colonne vertébrale de la country music" (Gérard Herzhaft dixit dans son livret historique et analytique) : ce honky tonk qui a traversé les âges jusqu’à ses succès récents avec un beau renouveau. Né localement (Texas et Oklahoma), nourri de westrern swing, déployé à Nashville, il a conquis quasiment toute la country de l’après-guerre, jusqu’au triomphe du rock’n’roll. Cette musique entraînante, faisait le part belle aux guitares (électriques et steel) au piano et au fiddle, sur une rythmique accentuée, est née dans les bars campagnards (road houses devenus honky tonks par assimilation du sens). Les thèmes dominants, à la fréquente coloration nostalique, témoignent d’une époque difficile où se reconnaissait la majorité des amateurs de musiques populaires, comme dans les fameuses « ballades sentimentales ». La sélection est exemplaire : Al Dexter (un des fondateurs avec son Pistol Packin’ Mama, ici avec son Wallin’ With The Blues), Ernest Tubb (le vulgarisateur le plus populaire), Lefty Frizzel, Webb Pierce (deux archétypes vocaux), Leon Payne (I’m A Lone Wolf est exemplaire, mêlant steel, chant, cri/yodle) ou Ferlin Husky (Tennessee Central n°9). Un passage par Bakersfield (Tommy Collins, Skeets Mc Donald) puis d’autres grands du genre : Hank Snow (Music Makin’ Mama From Memphis, avec son beau solo de guitare), Floyd Tillman (pionnier de la guitare électrique), Ted Daffan (steeliste) et bien sûr Hank Thompson ( un des rares qui résisteront plus tard face au rock’n’roll). N’oublions pas les femmes, rares dans ce milieu majoritairement masculin : Jess Willars (sur Honky Tonk Barwood Floor), Jean Shepard (soutenue par les brillants Speedy West et Jimmy Bryant) et Al Montgommery, sur l’original de It Waxn’t God Who Made Honky Tonk Angels qu’a fait triompher plus tard Kity Wells, la vraie vedette du début des 50’s ici sur Makin’ Believe et The Life They Live In Songs. D’autres plages sont aussi émouvantes et intéressantes : Country boy de Little Jimmy Dickens (avec le grand Grady Martin à la guitare), That’s Me Without You de Sonny James (avant ses sucreries du Nashville Sound) ou Nashville Blues du grand Dave Dubley (10 ans avent son Six Days On The Road). A ce copieux menu, s’ajoutent Carl Smith ( qui secoua le grand Ole Opry avec une batterie), Ray Price (avec Buddy Emmons à la steel), Jimmy Mogsdon (dans son hommage à Hank Williams), Merle Travis (brillant dans tous les genres), Ernie lee, Jimmy Work, etc., bref tout un trésor de 36 titres (sans déchet) vivants et coyotesques en diable. JB-LE CRI DU COYOTE