« La tradition portée à son sommet » par Jazzmag Jazzman

Nous parviennent à quelques semaines d’intervalle le très parisien « Mon cœur est un accordéon » de Daniel Colin (acc. Bandonéon) avec Dominique Cravic (g. mandoline, bjo, ukuélé, voc) Gregory Veux (p, voc) Laurent Larcher (g) et Claire Elziere (voc), et « The Last Time I Saw Paris » de Nicki Parrott (voc, b)avec Gil Goldstein (acc), Jacob Fischer (g), John Di Martino (piano) ; Tim Horner (dm). Parrot ratisse large, de « Sous le ciel de Paris » aux chansons de Michel Legrand en passant par Marguerite Monnot, Jacques Brel, Charles Trenet et Jerome Kern. Sa contrebasse adopte la liberté du jazz sur la pompe assez carrée de Fisher qui ferait illusion et peut-être même sensation à la chope des Puces pour la construction de son solo dans « Nuages ». Tim Horner peut se montrer un peu envahissant, alors que Colin se passe de batterie, s’appuyant sur un Cravic dont la pompe marche l’amble avec la contrebasse de Larcher et dont la sonorité de cithare et le banjo vintage confèrent à la valse  pré-swing « Espoirs perdus » une sonorité très « Troisième Homme ». Le piano de Veux donne une touche cabaret là où celui de Di Martino fait preuve d’une profondeur harmonique post-evansienne. Elzière est une vraie chanteuse parisienne et Cravic fait un Jean Sablon sensible quoique toujours un peu étriqué. Nicki ose alternativement l’adaptation anglaise et la française, nous rappelant que Colin accompagna avec Raoul Barboza la Japonaise Izumi Yukimura sur « La Musette » dans un exercice à peine plus exotique. Quant à Goldstein, sollicité sur les pièces les plus populaires, il rend, sur son accordéon à touches piano, un bel hommage à cette tradition portée à son sommet par le clavier à boutons de Colin dans « La Guigne » de Tony Murena. C’est l’occasion de signaler que reparaissent chez Frémeaux, après avoir respectivement séjourné chez Sketch et Paris Jazz Corner, « World Musette » qui voyait Daniel Colin et Raoul Barboza rejoindre les Primitifs du futur et « Cocktail d’amour » où le groupe faisait ses débuts sur un vinyle 25cm couplé sur CD avec les bandes vintage des premiers orchestres de Dominic Cravic et Didier Roussin, Bluestory et The New Blue 4.
Par Franck BERGEROT – JAZZMAG - JAZZMAN