« Le plus swinguant des papys du jazz français» par Le Journal du Dimanche

« Tu veux ou tu veux pas ? » : cette question banale s’imposa, dans les années 70, comme un énorme tube de la chanson française ! du même coup son interprète, un petit monsieur portant canotier, lunettes et large moustache, du nom de Marcel Zanini, devenait le numéro un des artistes burlesques. Aujourd’hui, à la veille de ses quatre vingt cinq ans, Zanini n’a pas renoncé à son refrain fétiche puisque c’est le titre de son dernier album, un CD paru chez Frémeaux sous la référence FA494. Entouré d’une bande de talentueux et jayeux jazzmen, parmi lesquels Patrice Bacqueville ; le guitariste Marc Fosset, l’ex complice de Grappelli, Patrick Authier au piano, Marc-edouard Nabe, le fils de Zanini, guitariste disciple de Freddy Green et le souple et puissant Michel Denis derrière ses tambours, Marcel Zanini fait chanter sa clarinette au timbre de velours, ou souffle avec nonchalance dans son ténor à la manière de Lester, son modèle bien aimé. Car Zanini, on l’oublie souvent, est avant tout un authentique musicien de jazz, mélodiste sensible et militant du swing le plus débridé ! Voici plus de soixante ans qu’il marie tendresse et folie, nostalgie et bonne humeur, toutes qualités que l’on retrouve au fil des douze titres, dont sept compositions originales de son dernier CD ! On appréciera son charme de crooner, à la vois de miel, dans sa version de « You can depend on me », thème cher au merveilleux pianiste Earl Hines ou dans son interprétation intimiste de l’immortel succès de Charles Trenet, « Que reste-t-il de nos amours ». Les puristes seront conquis par le ténor musclé de Zanini dans « Un scotch, un bourbon, une bière » ou sa clarinette feutrée dans « Quitte moi » et, plus émouvante encore, dans « Naïma », hommage à John Coltrane que Marcel Zanini a souvent côtoyé lors de son séjour à New York, dans les années cinquante cinq. Marcel Zanini mérite bien d’être considéré comme le plus swinguant des papys du jazz français à l’instar de son pote « Ritou » Salvador qui aimait à répéter : le swing c’est la santé !
LE JOURNAL DU DIMANCHE