Le résultat est d’une indéniable fraîcheur Le Monde de la Musique

« En 1678 un texte interdisant les danses d’esclaves à la Martinique fait mention d’un instrument à cordes intitulé banza, Bania, banjer, bangoe, bangie, banshaw, banjar : le mot sera allègrement déformé au fil des années par des observateurs désignant une sorte de luth dont la caisse de résonance est constituée d’une gourde coupée en deux et couverte d’une peau tendue. Au cours du XIXe siècle, les Blancs s’emparent de cet instrument noir et le normalisent sous le nom de banjo 5 cordes. Que fut la musique des premiers banjoïstes noirs ? On n’en sait rien. Il n’en reste que le répertoire édité des minstrel shows, inspiré des musiques entendues dans les plantations et qui assura au cours du XIXe siècle la diffusion de l’instrument jusqu’auprès de la bourgeoisie anglaise. La maison Arhoolie a eu la bonne idée de rouvrir les principaux recueils édités entre 1851 et 1887 et de confier l’interprétation de ce pot-pourri de musiques noires et de danses d’origine européenne à différents banjoïstes contemporains spécialistes de la musique des minstrels ainsi qu’à la star de l’aile progressiste du banjo bluegrass, Tony Trischka. On regrettera que les antiques instruments ressortis pour l’occasion ne soient pas reproduits parmi les illustrations d’un livret par ailleurs abondant, mais, au-delà de l’intérêt strictement documentaire, le résultat est d’une indéniable fraîcheur. » Franck Bergerot – Monde de la musique