Le testament scénique d'un monstre sacré par Chorus

"Le testament scénique d'un monstre sacré" par Chorus
La der des der! Le dimanche 20 octobre 1968, en matinée, Maurice Chevalier effectue son dernier tour de piste. Après trois semaines de récitals à guichets fermés, Momo de Paris présente son ultime récital sur la scène du Théatre des Champs-Elysées. Dans la salle, François Jouffa (qui devait interviewer l'artiste après le concert) laisse tourner son Nagra... Un "piratage" pour une vedette d'exception dont la carrière - commencée au temps du caf'conc' - a servi d'exemple, par exemple, à plusieurs générations d'interprètes. Outre son aspect sentimentale, cet enregistrement inédit - seul fut commercialisé celui de la première soirée du 1er octobre - constitue le testament scénique d'un monstre sacré. La fin d'une époque. Chevalier a 80 ans. Il a décidé de quitter les sunlights pour ne pas "finir en brioche". Nous sommes en 68, quelques mois après les "évènements"que l'intéressé ne peut négliger malgré une condamnation sans appel de sa part. Instinctivement, il sait et comprend que The Time They Are A Changin' même s'il décide de réagir avec le sourire, accompagné d'un harmonica parodique dans Oui au whisky où il rappelle en passant que, lui aussi, fut un précurseur en matière rythmique. Pour le reste, il préfère placer sa voix sur le seul piano de son compagnon de route, Fred Freed, en alternant nouveautés, pots-pourris de ses succès (tant américains que français), mimes, sketches, claquettes. Un ensemble plutôt nostalgique où plane l'image d'un titi gouailleur. Serge DILLAZ-CHORUS