« Les divers aspects d’une épopée bien illustrée » par Le Cri du Coyotte

1960 : la guerre d’Algérie va se terminer, la reconstruction d’après-guerre est achevée et la génération de l’explosion démographique devient adolescente. Le rock ‘n’ roll US n’est pas inconnu à Paris ou en province, mais il est chanté en anglais et les ados n’ont aucune chance d’en voir les interprètes se produire dans leur ville. Il y a, pourtant eu (cf les CD « Le Rock ‘n’ Roll français », Polygram et « Rock Rock Rock », Bad Born) des tentatives de R’n’R dans notre langue de 1956 à 1959, mais il s’agit surtout de morceaux parodiques, avec grand orchestre, interprétés par des artistes mûrs, dans un style sophistiqué et proche du jazz : les jeunes ont du mal à accrocher. Du coup, l’arrivée de Johnny Halliday, avec un accompagnement plus succinct, des textes sur les préoccupations des ados, conjuguée avec l’essor de l’émission radio « Salut les Copains » et la démocratisation de l’électrophone Teppaz, les scopitones (permettant de juger en action les artistes vus sur le pochette des super 45t) puis l’émergence de groupes parisiens et provinciaux, sont le point de départ d’une période de folie musicale qui durera deux ans. Puis, comme aux USA où le R’n’R cède la place à la variété rythmée, le yéyé, plus consensuel, prend la relève. Cette compilation, avec un livret intéressant, illustre divers aspects particuliers de cette épopée. On y trouve les vedettes de l’époque, d’autres moins connus, ou obscurs, dont les vinyles atteignent de belles sommes. Tout n’est, bien sûr, pas parfait, certains titres ne sont pas du R’n’R (twist, country, variété rythmée) des interprètes sont belges ou d’origine américaine, mais les enfants de la Libération y retrouveront leurs 15/16 ans avec plaisir et les jeunes qui ont d’abord découvert le rockabilly pourront y retrouver une partie de l’histoire du rock’n’roll hexagonal.

Par LE CRI DU COYOTTE