« Les grands standards sont là » par Jukebox Magazine

Il y a quelques semaines, Mireille a encore une fois étonné et ravi tous ceux qui ont eu la chance de pouvoir assister à son spectacle. Energique, électrisée de vie, pinçante et grinçante, charmant pourtant, elle interprète de sa voix inimitable, acide et haut-perchée – elle a terrorisé bien des élèves du Petit Conservatoire ! – tous ses classiques, sans cesser de dialoguer avec le public ! Née Mireille Hartuch en 1906, chanteuse d’opérette, elle enregistre « J’Prends La Vie En Rigolant », son premier disque (pour Colombia), en janvier 1929. Réputée rarissime, cette face est incluse ici. Dès « Tout Petit », face B de «Ah ! L’Est Pourtant Temps De Me Marier » (style folklorique), le deuxième 78 tours, apparaît le signature de Jean Nohain- fils du poète Franck Nohain et frère du comédien Claude Dauphin - dont les textes, associés aux mélodies de Mireille, vont révolutionner la chanson française. Parfaitement informée quant à la musique américaine. Mireille apporte un style neuf. Le succès vient grâce au duo (Jacques) Pills & (Georges) Tabet à qui le jeune éditeur Raoul Breton – avant qu’il ne découvre Charles Trenet – a confié « Couchés Dans Le Foin ». Jean Sablon, génial ronronneur français qui a tourné aux USA en compagnie de Mireille, lui donne la réplique sur l’amusant « Quand On  Est Au Volant » (juin 1932). En 45 titres, ce double CDs, qui inclut un livret de 32 pages, nous donne la joie de revivre la première partie de la carrière de Mireille, jusqu’en 1939. Les grands standards sont là. « Papa N’A Pas Voulu », « Ce Petit Chemin », « Qu’On Est Bien En Chemise », « La Plus Ceci, La Plus Cela », etc. Certains gimmicks, bruités et parlés («Vingt Et Vingt», «Les Pieds Dans L’Eau») sont d’une inventivité et d’un modernisme étonnants. En incluant naturellement l’influence du jazz. Mireille et Jean Nohain (qui n’ont cessé de se fâcher pour mieux se rabibocher) ont magistralement ouvert la voie de Charles Trenet et tout ce qui a suivi. Georges Brassens considérait Mireille (& Jean Nohain) comme une influence prépondérante : ce disque nous fait comprendre pourquoi. Jean-William THOURY – JUKEBOX MAGAZINE