« Les racines des musiques brésiliennes » par JazzMag JazzMan

« Frémeaux & Associés a développé un vaste catalogue d’albums d’anthologies qui explorent les racines des musiques brésiliennes à travers des productions phonographiques longtemps difficiles à réunir. Le Brésil est un continent vaste comme l’Europe, du sud marqué par ses populations allemandes, italiennes et slaves au nord amazonien en passant par le métissage afro-amérindo-européen qui s’est constitué au gré des conséquences régionales de la colonisation et de l’esclavage. Aussi, ne peut-on réduire cette réalité à la bossa nova, faute de quoi l’on ne saurait comprendre, par exemple, où la musique d’Hermeto Pascoal prend sa source. Conçus par Teca Calazans et Philippe Lesage, les doubles albums anthologiques du catalogue Frémeaux puisent dans le domaine public (plus de 50 ans d’âge) afin de donner accès à des musiques autrefois introuvables, en commençant par un large panorama intitulé « Brésil, choro - samba - frevo, 1914-1945 » qui débute en fait en 1917 avec Pelo Telefone la première samba enregistrée. On resserrera le point de vue avec « Carnaval brésilien, 1930-1956 », « Bahia, de Bahia aux Sertoes, 1939-1955 », « Samba, Batuque – Partido alto – Samba-Cançao, 1917-1947 », « Brésil, le chant du Nordeste, 1928-1950 ». Parmi ce catalogue complété par des compilations d’artistes récents (« Nordeste contemporain », « Le Samba contemporain », « Le choro contemporain »), trois albums attirent notre attention parce qu’ils mettent l’accent sur des musiciens qui manquent à notre sélection, faute d’éditions remarquables. « Choro, 1906-1947 » fait entendre les as (le joueur de bandolim Jacob do Bandolim, les flûtistes Benedito Lacerda et Pixinguinha, le guitariste Joao Pernambuco) d’un genre cousin du jazz pour sa virtuosité instrumentale et son penchant pour l’improvisation, et dont on retrouve d’abondantes résurgences chez Hermeto Pascoal. « Brazilian Big Bands, Dancing Days, 1904-1954 » illustre l’influence orchestrale du jazz sur les dancings brésiliens et leurs rythmes avec des chefs comme le clarinettiste Severino Araujo (leplus swing), l’accordéoniste Sivuca (le plus nordestin) et le pianiste Radamés Gnatali (le plus classico-européen). Enfin « Bossa nova, la Sainte Trinité, 1958-1961 » témoigne de la naissance de la bossa nova et se trouve chroniqué parmi les nouveautés du mois de ce numéro. »
Par A.S. – JAZZMAG-JAZZMAN