« Ligne de la couleur » par Jazz News

Critique d’art, philosophe et commissaire d’exposition, Daniel Soutif, avait notamment été l’un des grands artisans du « Siècle du Jazz » en 2009. Sept ans plus tard, le voici de retour à la tête d’un événement au Musée au Quai Branly à Paris. Jusqu’au 15 janvier, « The Color Line » explorera le rôle trop méconnu de l’art dans l’histoire de la ségrégation outre-atlantique. Son but ? Mettre en lumière prés de 150 ans de contestation africaine-américaine à travers la peinture, la sculpture, la photographie, le cinéma, la littérature et, bien sûr, la musique.
Comment pourrait-on définir cette « color line » qui donne son nom à l’exposition ?
Je propose qu’on la traduise par « ligne de la couleur » et non  « ligne de couleur ». C’est une métaphore très bien installée dans l’esprit des Américains depuis plus d’un siècle : la ligne provoquée par la couleur [de peau ndlr] qui sépare des communautés. Elle désigne la ségrégation depuis le XIXe siècle. Une ségrégation consciente et organisée puisque quand, en 1881, Frederick Douglass [auteur et militant abolitionniste ndlr] a publié un article qui portait ce titre, c’était le moment où les lois ségrégationnistes commençaient à apparaître dans le sud des Etats-Unis. Elles ont abouti à la fameuse doctrine « séparés mais égaux ». Et l’on sait à quel point c’était hypocrite : l’égalité dont ils parlaient était vraiment un leurre.
Par Adrien TOFFOLET  - JAZZ NEWS