Lionel Hampton par Télérama

ZOOM - JAZZ LE TON HAMPTON "Hampton, qui avait appris le beat dans une église baptiste, sut créer une nouvelle alliance entre le jazz et le rythm’n’blues. Il avait commencé avec Louis Armstrong, il était devenu célèbre avec Benny Goodman dans le premier orchestre de scène « intégré », il avait ensuite compris que l’avenir appartenait aux boppers. Les prenant quasiment au berceau, il les payait mal, mais il leur apprenait à faire couler un sang plus vif dans nos veines. Hot Mallets (chaud les mailloches) reste un des moments parfaits du jazz ".
Michel CONTAT - TELERAMA

ZOOM JAZZ - LE TON HAMPTON « Il arrive que la mort fasse renaître un musicien. D’autant que Lionel Hampton a survécu trop longtemps à son art. Sa récente disparition va sans doute permettre de le redécouvrir en son âge d’or, sa jeunesse éternelle, ses petites formations de studio des années 1938-1940, que des musicologues ont décortiquées pour en comprendre le swing. Lui se considérait comme un « entertainer » : il voulait apporter au public du plaisir, et il ne le concevait que dans l’excitation. Quitter la scène lui était odieux. Les dernières années furent pénibles : on amenait un vieillard tout tremblotant sur scène. Mais devant son vibraphone, il se redressait, la vieillesse ennemie reculait, il faisait courir ses mailloches sur les touches métalliques et le swing jaillissait.

Lionel Hampton a toujours joué une musique heureuse, qui l’émerveillait lui-même et qu’il accueillait par des grognements de plaisir et un sourire béat sous les gouttes de sueur (écoutez son solo de cinq minutes sur Stardust, en 1947). Quincy Jones, qui a débuté dans son orchestre dit avec raison qu’il a inventé le rock’n’roll : par l’échauffement rythmique qu’il créait, par sa façon de pousser ses musiciens en claquant des mains sur le contretemps, intensifiant le tempo sans l’accélérer, il a ouvert la voie aux durs battements du rock. Flying Home, son hymne à la joie, avec le solo d’Illinois Jacquet, défi relevé par tous les ténors hurleurs, a assuré le vol entre l’ère swing et l’ère rock. Hampton, qui avait appris le beat dans une église baptiste, sut créer une nouvelle alliance entre le jazz et le rythm’n’blues. Il avait commencé avec Louis Armstrong, il était devenu célèbre avec Benny Goodman dans le premier orchestre de scène « intégré », il avait ensuite compris que l’avenir appartenait aux boppers. Les prenant quasiment au berceau, il les payait mal, mais il leur apprenait à faire couler un sang plus vif dans nos veines. Hot Mallets (chaud les mailloches) reste un des moments parfaits du jazz ». Michel CONTAT - TELERAMA