« Louis triomphe » par Libération

« Louis Armstrong, indétrônable. Ainsi l'a déclaré Dizzy Gillespie au festival de Newport en 1970 : "si Louis n'avait pas existé, nous ne serions pas là". A tout Seigneur priorité. L'intégrale commandée par Frémeaux et Associés au spécialiste Daniel Nevers, aborde le Volume 12 (3 disques par livraison ; nous arrivons donc au trente-sixième CD). Le Néo-Orléanais caracole. Le voilà dans un enchaînement de pièces enregistrées pour le film New Orleans. Les studios de Hollywood ne retinrent quasiment rien des plages gravées entre l'été et fin 46, heureusement trop relevées pour le navet. On reconnaît les instruments de Barney Bigard, de Lucky Thompson, le piano du sous-estimé Arthur Schutt, la voix écorchée de Billie Holiday sur plusieurs titres (The Blues are Brewin', magnifié).Friandise en prime, les acetates d'un concert au Carnegie Hall en 1947, retrouvées pour l'occasion. La veine! Satchmo  noustransporte sur treize morceaux, avec deux formations (le sextette du clarinettiste Edmund Hall et la sienne propre). Trouvaille finale, deux morceaux éparpillés sur des 78Tours destinés aux forces alliées américaines pendant la deuxième guerre mondiale (les V-Discs - V pour Victory). Epaulé des caisses de Sid Catlett et du trombone de Jack Teagarden, Louis triomphe. En cas de discussion, l'actrice Ava Gardner tranchait ainsi la question : "Ceux qui n'aiment pas Louis Armstrong ne savent pas ce que c'est qu'aimer". On souscrit tous pistons dehors à la vision de la femme fatale. »
Par Bruno PFEIFFER - LIBERATION