« Mahalia reste sublime… » par Soul Bag

Ce volume est sans doute le plus hétérogène de la série. Pour commencer, voici trois traditionnels sombres et magnifiques. En ce 1er avril 1959, la Reine du gospel chante les jours derniers comme personne. L’accompagnement est anonyme mais parfait. Puis, « Brown baby », toute première version enregistrée de ce poème en faveur des droits civiques signé Oscar Brown Jr. Immense frisson. Mahalia en prise directe avec le Mouvement. Ensuite, pour quatre courtes plages, l’atmosphère se détend, le rythme sautille. Swing & gospel. Epanouissement total. En revanche, à la séance du lendemain ; le ton redevient grave. Mahalia reste sublime mais ne sourit plus et se laisse parfois déborder par un chœur un peu trop à l’aise. Et pourquoi le guitariste de jazz Jimmy Raney n’intervient-il pas davantage ? Des regrets d’autant plus amers que la suite et fin de ce CD est tout en « violonades ». Place en effet au grand orchestre hollywoodien de Percy Faith pour quatre hymnes patriotiques et religieux. Le résultat a beau être grandiose, Mahalia peut bien réussir haut la main son examen de passage devant cordes et archets, cette partie plaira davantage à l’amateur de musique classique qu’au lecteur ordinaire de Soul Bag. Récitals, opéras et spirituals, d’un côté ; prêches, auditoriums et gospel songs, de l’autre. Voilà deux courants bien distincts qu’il est audacieux de réunir sur un même disque. D’ailleurs, il aurait peut-être mieux valu regrouper sur un seul CD l’intégralité des séances dirigées par Faith. Sur les douze plages de l’album original « The Power And The Glory », il n’y en a que quatre ici, la publication des autres étant repoussée au prochain volume de l’intégrale, le onzième.
Par Julien CRUE – SOUL BAG