« Neuf compositions nouvelles, toutes appelées à devenir des standards du genre » par On Mag

« Ce troisième CD de l’intégrale du guitariste de swing manouche qu’est Romane date de 1996. Il est réédité par Frémeaux tel quel, malgré sa taille réduite (trente-sept minutes) car cela correspond aux idées de l’artiste qui estime qu’au-delà de cette durée, cela paraîtrait monotone. A chaque CD, Romane change, imperceptiblement, mais suffisamment pour nous intriguer de nouveau. Sur le deuxième CD, Quintet, il avait trouvé un violoniste prodigieux, Florin Niculescu. Il le garde bien évidemment sur le troisième, mais il s’adjoint une autre couleur musicale supplémentaire, celle de l’accordéon à touches de Francis Varis. Il en ajoute même une autre, mais seulement sur le dernier titre (« Ombre »), celle de la clarinette de Marcel Cazes qui y côtoie un débutant qui va s’affirmer, le jeune Thomas Dutronc. Francis Varis, qui a participé au retour de l’accordéon jazz, après les lugubres années du yéyé où il avait dû devenir tromboniste à cause de la bêtise crasse du public et des producteurs, apporte la nuance swing musette. Nuance, car Romane aime toujours les nuances et les demi-teintes. Ainsi, sur cet album, ce sont des nuances blues qu’il met sur « Paris Nashville », des demi-teintes valses-bostons sur « Patrimonio » ou «Chez Fernand », une douceur romantique sur « Monticello ». Romane est sans doute le compositeur qui a apporté le plus d’airs nouveaux au répertoire swing manouche. Car, outre ses qualités d’interprète, et de découvreur de talents, il a aussi celles de compositeur, mais ses compositions s’inscrivent tellement bien et tellement discrètement dans la tradition de Django qu’on dirait, et ce n’est pas un mince compliment, qu’elles sont de la main du Maître. Neuf compositions nouvelles, s’il vous plaît, toutes appelées à devenir plus tard des standards du genre. Les guitaristes Doudou Cuillérier et Laurent Bajata sont à la pompe et Pierre Maingourd à la contrebasse. Pas un seul django, pourtant, tous les titres pourraient être de lui. »
Par Michel BEDIN – ON MAG