« Pédagogique et de bon aloi » par Le Cri du Coyotte

L’aspect pédagogique des coffrets Frémeaux n’est plus à démontrer et Bernard Boyat nous a souvent montré leur intérêt dans le passé : on apprend ici que le mot « Soul » apparaît sur un LP de Ray Charles en 1958 et qu’il désigne un « dérivé du negro spiritual, du gospel, du blues et du rhythm and blues ». Si les artistes dominant comme Aretha Franklin, Otis Redding, Solomon Burke, Little Richard, Irma Thomas ou James Brown sont bien connus, jusque dans le grand public, il existe un creuset, à la Nouvelle Orléans, dès les 40s et 50s, avec en particulier le studio de Cosimo Matassa, personnage central de cette hybridation portée par des complices tels Art Neville et Allen Toussaint, avec le prolongement d’artistes comme Dave Bartholomew, Eddie Bo, Slim Harpo, Dr John, Guitar Slim, Johnny Adams , etc. Ce coffret propose une sélection de « racines » par Bruno Blum en 72 titres qui couvrent les différents genres (dont on serait en mal de classer la chronologie d’apparence et de diffusion). En tout cas on trouve du blues (Champion Jack Dupree et Lonnie Johnson) et du rhythm & blues (Roy Brown et Fats Domino) du zydeco (Clifton Chenier) et du gospel (Mahalia Jackson et Révérend Utah Smith) et bien sûr du rock ‘n’roll (Larry Williams et la surprise de Lloyd Price et « Lawdy Miss Clawdy » repris par Elvis). Notons d’ailleurs au passage que certains musicologues estiment que le rock ‘n’ roll est né à la Nouvelle Orléans. On trouve aussi des formes plus jazz/scène classique avec Louis Armstrong qui reprend « Mack The Knife » et Little Sonny Jones. Bruno Blum complète sa sélection de cœur avec le fameux  « C.C.Rider » (Chuck Willis) par Snooks Eaglin, « Cry On » (Irma Thomas) et « Pain In My Heart » (Alvin Robinson). Nul doute que l’exploration de ces racines aura des prolongements car rien qu’ici, j’ai découvert un bon tiers de musiciens inconnus (de moi) ou jamais écoutés, dont seul le nom avait été rencontré au cours de lectures. Pédagogique, et de bon aloi.
Par Jacques BREMOND – LE CRI DU COYOTTE