« Que demander de plus ? » par Jazz Mag - Jazzman

A plus de quatre-vingts printemps, une valeur sûre. Quasiment une institution dans le paysage du jazz français. Pourtant, s’agissant de Claude Bolling, le chef d’orchestre, le compositeur et l’arrangeur, sans compter l’explorateur d’un Troisième Courant à la française, ont souvent éclipsé, dans l’esprit du public, l’interprète. Alors qu’il est loin d’être négligeable, comme en témoigne cet album où le pianiste, entouré seulement de quelques uns des solistes de son big band, compagnons de route depuis des lustres, montre sa capacité à se couler avec virtuosité dans divers styles relevant, s’il faut risquer une typologie, du « jazz classique » : relents épars de stride, voire de ragtime qu’il est un des rares contemporains à maîtriser en en préservant l’esprit, souvenirs des diaprures ellingtoniennes (Quitly, Tell Your Story), réminiscences de Garner (I Love You All Madly), de Basie ou de Lunceford (For Jammers Only), hard bop façon Messengers (Rockin’March). C’est, précisément, cette plasticité, cette faculté à poser avec brio des pas dans ceux des aînés, que ses détracteurs – il en existe – ne manqueront pas de mettre en avant, y stigmatisant une manière de revivalisme. Controverse un peu vaine. Mieux vaut souligner que, sur des compositions du leader et quatre standards dont il signe aussi les arrangements, le groupe swingue avec une vigueur et un enthousiasme réjouissants. Que demander de plus ?

Par Jacques ABOUCAYA – JAZZMAG - JAZZMAN