« Que du bonheur ! » par Jazz Mag-Jazzman

« Everybody digs Bill Evans » (Tout le monde kiffe Bill Evans), tel était le titre de son deuxième album sous son nom publié en décembre 1959. Tout le monde ? Etait-ce si sûr à l’époque. En tout cas, c’était une évidence pour tous les musiciens qui l’avaient choisi comme pianiste pour son jeu d’accompagnement d’une précision harmonico-rythmique déjà irrésistible, balançant librement entre Bud Powell et Lennie Tristano avec une pincée de Horace Silver pour relever le tout. Outre ses tout débuts en trio (de 56 avec sa première version de Waltz For Debby jusqu’à ses premiers sublimes « pas de trois » avec Paul Motian et Scott La Faro en 1959), cette anthologie, accompagnée comme toujours d’un livret exemplaire signé par Alain Gerber et Alain Tercinet, a pour premier mérite de rassembler en un double CD des plages pas toujours connues qui mettent en valeur les talents multiples de sideman de Bill Evans Aux côtés de George Russell (avec les dix minutes de réjouissance d’All About Rosie), Hal McKusick, Miles Davis (en sextette à Newport), Art Farmer, Cannonball Adderley (merveilleuse version de Nardis) et Chet Baker. Que du bonheur ! Et en bonus trois mouvements de Chromatic Universe, extrait de l’album de George Russell « Jazz in the Space Age » dans lequel Bill en compagnie de Paul Bley se livre à un exercice d’apesanteur tonale et de liberté rythmique tout à fait original chez lui. Un conseil : on serait inspiré de réécouter dans la foulée le CD Jazz Collection offert à nos abonnés avec le numéro 618 de Jazz Magazine et intitulé « Bill Evans 1955-1959 : le sideman ». Sans jamais doublonner (la version de Billy The Kid n’est pas la même), il complète idéalement cette juvénile quintessence evansienne. Pascal ANQUETIL – JAZZ MAG-JAZZMAN