« Rodolphe joue de façon remarquable ce répertoire » Par Trad Magazine

« Rodolphe Raffalli a plus d’une corde à sa guitare. On savait que ce guitariste aimé le jazz, le classique, la musique sud-américaine, Georges Brassens et Django Reinhardt entre autre, et qu’il était chez lui dans toutes ces musiques. Avec ce cinquième CD pour le label Frémeaux & Associés, le Buster Keaton de la guitare célèbre ses racines.  Si Rodolphe est né en Seine-et-Marne, son père est corse et sa mère italienne. C’est dire si les traditions musicales méditerranéennes, en particulier celle de la Corse où les guitares et mandolines sont les instruments rois, ont  bercé sa jeunesse et forgé ses racines. Grand sentimental avec une sensibilité à la Crolla, Roldolphe fait merveille sur les sérénades (superbe Sirinate Ajacciu d’Antoine Bonelli), les ballades ou les valses, un répertoire méconnu sur le continent Aux côtés de Dominique Lemerle (contrebasse) et Stan Lafferrière (batterie), Rodolphe assure toutes les parties de guitares (accompagnement et solo). Son phrasé conjugue rigueur du classique et sens aigu du swing comme l’impro, avec un coup de médiator style mandoline, faisant rouler les cordes. Il signe trois compos convaincantes : Corsaswing, Pietralba et Un pied sur l’île, très jolie mélodie introduite par un bel exposé à la guitare. Pour le reste, il s’agit des compos de guitaristes corses ou des morceaux ayant la Corse pour thème : Solenzara, Corsica bella, Ma Corse, La complainte corse, Méditerranée (qui n’est pas de Tino Rossi comme indiqué mais de Vincent Scotto). Rodolphe aime les belles mélodies. Pour quatre morceaux, il propose deux versions : valse bop et swing pour La vieille guitare ; swing musette et bop pour La valse ajaccienne ; samba (on verrait bien Hamilton de Holanda ou Stochelo lui donner la réplique) et swing pour Utra gulinu ; latine (et non pas grecque) et swing pour Chifa. Ce styliste raffiné et élégant s’empare de ritournelles légères, entraînantes et souvent nostalgiques (U miu mulinu, jolie ballade de D. Marfisi), et les magnifie par des chorus jazzy limpides et inspirés. Même si certains musiciens corses ne se retrouvent pas dans son interprétation, Rodolphe joue de façon remarquable ce répertoire auquel il insuffle poésie et sentiment (Le prisonnier façon boléro ou Ma Corse précédée d’un exposé du thème façon guitare classique). Comme l’écrit J.-P. Sermonte sur la pochette : « Laissons nous guider par cette guitare qui est un prolongement de son cœur vers cette île à nulle autre pareille et dont il pare la musique d’une aura supplémentaire. » De la belle guitare, comme on l’aime. Rodolphe Raffalli est un grand, mais ça on le savait depuis longtemps. »
Par Francis Couvreux — TRAD MAGAZINE