« Son phrasé reste inoxydable » par Jazz magazine

Les rétrospectives de l’œuvre du révolutionnaire flegmatique qu’était Wes Montgomery foisonnent. Mais là où Alain Gerber, maître d’ouvrage de la collection Quintessence, et son complice Alain Tercinet semblent se démarquer, c’est dans leur attachement à mettre en perspective, peu importe le contexte, la linéarité de cet autodidacte étranger à toute querelle esthétique. De 1957 à 1962, Wes Montgomery ne dévie pas quant à ce qui le rend unique : des artefacts techniques sans fioritures ainsi qu’une articulation limpide et franche. Que ce soit en tant que leader ou au sein des formations plus confidentielles, son phrasé reste inoxydable. Parmi les extraits de sessions, « The Incredible Guitar Of Wes Montgomery » et « Full House » côtoient “The Montgomery Brothers (& Five Others)”, le “Work song” de Nat Adderley and His Orchestra, le quintette d’Harold Land (West Coast Blues) ou encore “Cannonball Adderley and Poll Winners” (Yours in My Heart Alone). De Pacific Jazz à Riverside, l’homme tranquille, tel que le dénomme Alain Gerber, fait preuve d’une diligence et d’une élégance à nul autre pareilles. Des atouts que Gerber et Tercinet dépeignent, outre leur sélection, à travers leur plume dans le livret accompagnant le coffret. On regrettera toutefois que nos deux défricheurs ne nous donne plus à savourer. Le « jazz détective » Zev Feldman a récemment mis la main  sur des enregistrements qui remontent à 1949.
Par Katia Toure – JAZZ MAGAZINE