Un beau travail par Jazz Magazine

Etait-il bien raisonnable de réaliser une anthologie sur un sujet aussi vaste? Harlem a tissé tant de liens avec le jazz, pendant tant d'années, qu'une telle compilation, pour être un tant soit peu représentative, devrait rassembler des pièces d'une hétérogénéité qui confine à l'hétéroclite. Harlem, c'est un style de piano (le stride) dont les figures de proue se prénomaient James P Johnson, Fats Waller, Willie "The Lion" Smith... C'est aussi une multitude de clubs où se sont produits à peu près tous les orchestres de l'époque (Lunceford, Milinder, Webb, Henderson, Basie, Ellington, Calloway...). Le quartier et ses clubs ont inspiré maintes compositions : Stomping at the Savoy, Cotton Club Stomp, Echoes of Harlem, Harlem Airshaft... Enfin, une anthologie digne de ce nom devrait aussi proposer quelques prestations enregistrées sur le vif à L'Apollo ou au Cotton Club... Mais si M.Frémeaux et ses mystérieux associés étaient des gens raisonnables, depuis le temps, ça se saurait. Aussi se sont-ils attelés à la tâche et le résultat est remarquable. Tous les musiciens évoqués sont au rendez-vous, et plus encore (Armstrong, Teddy Wilson, Chuck Berry...). Tous les titres cités sont là, et plus encore (Savoy, Yatch Club Swing, Harmony in Harlem...). On trouve des interprétations en public avec, cerise sur le gâteau, la première et sans doute seule prestation enregistrée de Margery Cooper qui, au cours d'une amateur Night, avait entrepris de massacrer Sweet Slumber, jusqu'à ce que son funeste dessein soit interrompu par les huées du public et le coup de cymbale de batteur de l'orchestre d'Erskine Hawkins. Un beau travail. Patrick POMMIER - JAZZ MAGAZINE