« Un excellent condensé « trans-catalogue » par Jazz Magazine

Si l’on tient compte des dates d’enregistrement, ce survol remonte à 1953. En retenant les dates de parution des morceaux de leur sélection et en lui donnant un ordre chronologique, Téca Calazans et Philippe Lesage défont ce qu’ils réalisent : une chronologie de l’adoption de la bossa par les jazzmen, qui relativise, sans la nier, l’importance de « Jazz Samba », si l’on considère qu’ « Elizete » et « Meditação » de Cal Tjader sont enregistrés alors que l’album de Stan Getz est à peine paru. Bien plus, les enregistrements de Laurindo Almeida et Bud Shank de 1953 et 1958 (et non de 1962) ouvrent un sacré éventail (qui aurait presque pu être déployé jusqu’en 1942 avec le « Brazil » de Jimmy Dorsey, même s’il ne s’agit pas à proprement parler de bossa). De même, il est dommage que le livret ne mentionne pas le coup de foudre des jazzmen pour la musique brésilienne dès un premier passage de Dizzy Gillespie à Rio pour le Département d’Etat en 1956 (dont il reste un « Cepao’s Samba »), l’American Jazz Festival de Rio de 1961 d’où Dizzy Gillespie ramena Desafinado à Monterey dès son retour et où Curtis Fuller et Zoot Sims apprirent à jouer « One Note Samba », sans oublier la tournée sud -américaine de Charlie Byrd au cours de laquelle Buddy Deppenschmidt et Ketter Betts s’initièrent aux rythmes locaux repris sur « Jazz Samba », La présente sélection n’en reste pas moins un excellent condensé « trans-catalogue » de l’avènement du genre au pays du jazz, dont les faces de Jon Hendricks enregistrés en 1961 et celles réalisées par Herbie Mann à Rio avec les musiciens du crû (Paulo Moura, Baden Powell, Sergio Mendes, Dom Um Romao…) pour dénoncer la pacotille de la bossa jazzée, ne sont pas les moindres contributions.
Par Franck BERGEROT – JAZZ MAGAZINE