Un volume presque sans faiblesse Par Soul Bag

" A la fin des années 1950, le statut de Reine du gospel de Mahalia Jackson est désormais assuré et, chez Columbia, elle semble bénéficier de toute la confiance nécessaire au déploiement de son talent. Après avoir triomphé aux côtés de Duke Ellington puis au festival de Newport (cf. le volume 8 de cette intégrale), la chanteuse a tout loisir d'enregistrer des titres religieux qui lui vont comme un gant. D'abord, comme le raconte Jean Buzelin dans ses notes, elle grave des 45-tours dont certains revêtent une "coloration rhythm and blues". Ainsi interprète-t-elle des chansons aussi bien créées par Pat Boone qu'écrites par Sam Cooke et J.W.Alexander. Quatre fois sur cinq, la greffe prend, l'exception étant une version bâclée de He's got the whole world in His hands. Ensuite, et c'est le bonheur des intégrales, on a droit à une poignante version de Trouble of the world, un chant de funérailles interprété pour Hollywood en clôture du film de Douglas Sirk. Intermède précieux qui laisse place au plat de résistance de ce volume, dix plages enregistrées à New York au cours de l'hiver 1958-59. Entre le rythmé Elijah rock, le recueilli How great Thou art et le naturaliste God put a rainbow in the sky, chaque morceau revêt, par la grâce de Mahalia, une patine classique. En moins étoffé et en plus original, l'ensemble fait penser au "Good Book" que Louis Armstrong vient alors de compléter pour Decca. A cette époque, les racines néo-orléanaises de chacun ont beau disparaître un peu derrière des arrangements mainstream, nul doute que leur expressivité et leur pulsation si particulières viennent de là, de la plus musicale des cités. Un volume presque sans faiblesse."
-Julien CRUE-SOUL BAG