« Une bête de scène » par Chant Songs

« Caricature du chanteur exotique et vrai ténor, Dario Moreno est sans doute un brin oublié aujourd’hui. Sa prestation dans le disque Live in Paris 1957-1960 montre le métier d’un personnage haut en couleur. Quand il meurt, victime d’un malaise cardiaque à 47 ans, en 1968, Dario Moreno est une star des ondes. Chanteur d’opérette, il avait conquis un large public pour ses chansons francophones sur des rythmes chaloupés en diable, notamment des mélodies brésiliennes dont il avait le flair pour dénicher les meilleures versions. Il suffit d’écouter ce Live in Paris où il aligne ses tubes ; La Bamba, Si tu vas à Rio ou encore son Miguelito, qui ouvre le bal. Sans oublier son Quand elle danse qui fut un vrai tube de la vie noctambule parisienne. Turc par son père et mexicain par sa mère, Dario Moreno avait, très jeune, commencé sa carrière de chanteur, en se produisant dans les bar mitzvah et la synagogue d’Izmir, tout comme le crooner américain Paul Anka le fit aux États-Unis.
(…) A découvrir ses prestations en direct, captée aussi bien à Bobino qu’au théâtre de l’Alhambra ou à l’Olympia, on mesure à quel point cet homme tout en rondeur était une bête de scène, capable de passer d’un couplet parodique à une version non moins décalée du Pizzicato de Sylvia, de Léo Delibes. Le livret du disque rappelle le témoignage de Claude Bolling qui le suivit un temps sur scène et qui raconte : « Je l’accompagnais en tournée, et comme c’était l’époque des petits budgets, j’étais pratiquement toujours seul au piano pour ses cha-chas et ses mambos… Mais avec les talents de Dario, de formation pianiste et percussionniste, cela faisait une équipe du tonnerre ! » Sur scène, il pouvait effectivement pousser les extravagances au maximum et se démener dans tous les sens. (…) Ultime preuve de sa célébrité : Dario Moreno figure dans un des 480 souvenirs de Georges Perec dans Je me souviens. »
Par François CARDINALI – CHANT SONGS