« Une merveilleuse réédition » par Rock and Roll Revue

En même temps que voyait le jour notre dernier numéro 45, qui comportait mon article sur Sister Rosetta Tharpe, apparaissait sur le marché cette merveilleuse réédition, souhaitée, de la période de retour chez Decca (1954) de la chanteuse/guitariste, où l’orientation musicale se tournait résolument vers le circuit R&B, cette fois orienté vers le circuit rock’n roll des teenagers, mais également son prolongement chez Mercury en 1956 avec ces deux fameuses séances Doc Bagby. On découvrira dans ce volume 5, en 53 : le contagieux « Shadrack » en duo avec Marie Knight, puis deux titres avec l’orchestre swinguant de Leroy Kirkland ; en 1954 : avec le Sammy Price Trio, la Sister épaulée par le guitariste Everett Barksdale (présent sur les séances ultérieures), puis un plaisant « This Old House » (morceau repris par le Brian Setzer Orchestra – album « Dirty Boogie ») avec les Sy Oliver Singers ; en 1956 : ça balance toujours avec « I’ve Done Wrong », le trépidant « Can’t Do Wrong And Get By », un bondissant « Let It Shine »(morceau repris par Chuck Berry), et ces deux séances Mercury (2 et 5 juillet 1956) où figurent les inédits : « Fly Away », « When The Saints », un « Precious Memories » à saveur slow-rock, et bien sûr la version la plus rock’n’roll d’ « Up Above My Head », les trépidants « Jericho », « Can’t Do Wrong And Get By », « 991/2 Won’t Do », enfin l’étonnant calypso : « Let’s Be Happy », le tout agrémenté des sacrés solos de guitare de la Sister qui ne manquent pas tout au long de ces 40 titres, dont le dernier est un « bonus » hors-chronologie (oublié, retrouvé) qui vaut son pesant d’or : « Didn’t It Rain, Children » live à l’Apollo de Harlem (1950 ou 52) avec claquements de mains, envolés vocales, et un super-guitar-solo « rock’n’rollisant » avant l’heure !… Avec quelques rares éditeurs indépendants, Patrick Frémeaux se bat pour la disponibilité de la mémoire culturelle collective, dépendante de la liberté actuellement en passe de régression, offerte par le « domaine public ». Tout un patrimoine musical historique qui n’intéresse pas le marketing des majors risque ainsi d’être relégué aux oubliettes. Autre raison d’acquérir sans tarder la réédition d’une pièce majeure de ce « chaînon manquant ». Phil DUBOIS – ROCK AND ROLL REVUE