« Une musique qui étreint les cœurs et euphorise les esprits » par World

Le maître du chamamé, la tradition populaire issue des Indiens Guaranis, publie cet enregistrement (album et DVD) fait au pays, à la Trastienda de Buenos Aires le 14 décembre 2001 où sa musique joue avec une palette d’émotions inouïe. Raúl Barboza, Parisien depuis ses 15 ans, accélère son accordéon, le radoucit, le fait taire, gémir, comme s’il devait dompter un animal fougueux. « Raúl Barboza n’est pas un commerçant comme la plupart de ceux qui jouent un chamamé ancien et médiocre. C’est un lutteur et il mérite mon estime et mon admiration », écrivait Astor Piazzolla en 1987. C’est vrai que Barboza subjugue son instrument aux sonorités presque sans limite. Il lui arrache bout à bout des petits airs de danse canaille, des envolées lyriques, des contredanses sensuelles. Le tout lâché souvent dans un même élan qui semble pour lui un jeu d’enfant. La jubilation succède à la mélancolie. La musique de Raúl semble être une suite de leçons de vie tant elle inspire des images de tous les états par lesquels passe l’âme des hommes et des femmes. La noblesse de Barboza vient de sa générosité de seigneur ; une musique qui étreint les cœurs et euphorise les esprits. Chamamé, bien sûr, mais aussi milonga et polka surtout transforment la nostalgie en une gaieté pétillante. Raúl Barboza chante aussi.
Bouziane DAOUDI – WORLD