« Une page d’histoire du blues à écouter sans aucune espèce de modération. » Par France Musique

« Clin d’œil au blues. Il y a quelques semaines, nous chroniquions un double CD de Bill Big Bronzy. Voici cette fois, en deux CD toujours (le standard de la collection « Blues » chez Frémeaux), Muddy Waters (1915-1983). Ce coffret retrace la première partie de la carrière d’un des musiciens les plus importants de l’histoire du blues, père spirituel des Rolling Stones et inspirateur des premières générations de rockeurs. De 1941 à 1950, depuis la plantation Stovall au cœur du Delta (il y est enregistré pour la première fois, totalement inconnu, par les Lomax, un couple d’ethnomusicologues) jusqu’au South Side de Chicago, McKinley Morganfield de son vrai nom, conducteur de tracteurs, devient Muddy Waters, le Roi du Chicago blues. Gérard Herzhaft a sélectionné trente-six plages datant de cette féconde décennie. Elles sont ouvertes par deux titres sobres, ensorceleurs - définitifs est-on tenté de dire : « Country Blues » et « I Be’s Troubled ». En fait deux des sept morceaux gravés par Waters, entre le 24 août et le 31 1941 à Stovall et publiés par la suite dans la collection « Archive of American Folk Song » de la Bibliothèque du Congrès. Deux plages qui posent les choses : l’homme, qui chante et joue depuis 1932, qui a hérité d’une famille musicienne, a déjà un phrasé inimitable et possède un art du dialogue guitare-chant qui le place d’emblée parmi les Olympiens du blues. Que dire de plus ? Que la chose ne saurait s’épuiser comme les premiers 78 tours de Waters, depuis longtemps labourés par les aiguilles passionnées des phonos d’antan. Une page d’histoire du blues à écouter sans aucune espèce de modération. »
Par Karine Le Bail et Philippe Tétart — FRANCE MUSIQUE

"(Depuis des années, Les Greniers de la Mémoire diffusent des disques publiés par Frémeaux & Associés. En les remerciant souvent d’offrir la seule possibilité d’illustration sonore pour tel ou tel thème, tel ou tel artiste, telle ou telle rareté. Il nous est donc tout naturel de dire l’importance du travail, militant, mené par cette « maison » afin de restaurer, sauvegarder et diffuser un patrimoine sonore – au sens le plus large – dont l’intérêt artistique, historique ou musicologique, essentiel, l’emporte rarement sur le principe de rentabilité à court terme.)"