« Une précision sans faille et une énergie débordante » par Musik Please

« Le RP Quartet revient dans la basse-cour avec Chicken Do It, un nouvel album toujours empreint d’un humour potache. Après la chèvre du second album Goat Rythm, c’est la poule qui donne le tempo, une poule qui le fait bien, qui parle aussi bien le manouche que l’anglais et qui nous régale avec son plumage soyeux. Voici un combo jazz avec une orchestration acoustique comme dans le temps de Django, sans batterie, seulement 2 grattes, une contrebasse et un violon. Un puissant son de groupe, avec le RP Quartet, pas de chichis, on arrive avec ses instruments, on se pose, 3, 4, Boom ! ça joue ! Ce RP Quartet additionné d’une petite section cuivrée et il n’en faut pas plus pour entendre un mini Big Band dans la tradition du vieux Count Basie, ça transpire le jazz avec générosité et propose une lecture d’un répertoire osé navigant entre Django Reinhardt, Thelonious Monk, John Coltrane, Charlie Mingus… Un peu comme si Django et sa famille s’étaient fait un road trip en roulotte de la côte Est à la côte Ouest des States en passant par la Nouvelles-Orléans. L’album est parsemé de pépites (My Favorite Things, Ugly Beauty, Good Bye Pork Pie Hat) et de bon vieux standard prisés par les aficionados du jazz manouche (Limehouse Blues, Djangologie, Nuages), tout ceci est exécuté avec une précision sans faille et une énergie débordante, ça rabouine sévère comme on dit dans les milieux autorisés. Cette puissance est mise au service du swing et des arrangements finement ciselés de Bastien Ribot qui nous flattent l’oreille sur les 15 titres qui composent l’album. La chanteuse Lou Tavano nous gratifie de sa voix précieuse sur quelques morceaux, particulièrement sur Good Bye Pork Pie Hat, hommage assumé à la fabuleuse version de Joni Mitchell. J’aimerai voir le RP Quartet un peu plus souvent au milieu des publications étiquetées « french jazz », Edouard Pennes à la guitare solo n’a pas à rougir devant les têtes d’affiche du circuit comme Adrien Moignard ou Rocky Gresset, il se pourrait même qu’il ait quelques plans à leur refiler. Et Bastien Ribot qui a fait ses armes parmi les meilleurs, est un violoniste qui se rêve chanteur tant ses improvisations et ses arrangements sont mélodieux, un violoniste qui sait aussi exprimer sa classe et son côté « lover » avec une guitare entre les mains…
Les solistes sont à la fête, mais la donne serait différente sans la rythmique assurée par Damien Varaillon (contrebasse) et Rémi Oswald (guitare) qui se baladent comme de vieux routards sur ce répertoire semé d’embûches, certaines grilles d’accords donnent des suées à beaucoup de musiciens… »
Par Florent JANIAUD – MUSIK PLEASE