« Une promesse de bonheur » par Classica-Répertoire

La parution d’un nouvel opus de cette intégrale est chaque fois promesse de bonheur. Sister Rosetta Tharpe, davantage peut-être que la plupart de ses consoeurs, représente l’incarnation de la santé (elle mourut pourtant plutôt jeune à l’âge de 58 ans), de l’énergie, et pas seulement parce qu’elle chante le gospel de la « bonne nouvelle ». C’est qu’elle joint aux vibrations du chant évangélique les solides vertus du blues et de la guitare électrique, qu’elle est souvent accompagnée d’une section rythmique où officient des musiciens qui n’ont pas une réputation de traîne-patins, comme le batteur Panama Francis ou le pianiste Sammy Price. Incontestablement elle illustre à merveille cette vision d’une spiritualité généralement simple et d’une expressivité populaire issue du blues qui dans les années cinquante a la faveur de son public. Au fond, sur ce point elle est plus proche de Louis Jordan que de Mahalia Jackson : droit au but, pas de fioritures, on chante ce que l’on croit et l’on swingue. Plusieurs s’étaient demandés qui était cette chanteuse que l’on aperçoit à la télévision dans Amélie Poulain : c’est elle. Clin d’œil averti à l’enthousiasme et à l’optimisme de ces années disparues. Voyez en particulier sa version du Shadrack que Louis Armstrong popularisa dans son immortel « Good Book » : la contemplation du monde actuel n’autorise sans doute plus un entrain aussi innocent et contagieux. Promesse de bonheur ? Promesse tenue. CLASSICA-REPERTOIRE