« Une slide et un harmo » par Presto

Elmore D. est un cas. Un schizophrène aigu, tendance Alan Wilson. Docte professeur à l’université de Liège dans le civil, Daniel Droixhe est en effet un érudit cinquantenaire. Collectionneur d’un art datant des débuts de l’électricité (le blues d’avant guerre), ne le voilà-t-il pas qui se commet avec d’hirsutes adeptes des rythmes amplifiés, pour colporter sa propre vision de l’idiome auquel il s’est consacré ? En bon Wallon, il est allé pêcher en Flandre ce que la scène y compte de plus pointu dans le genre : pas moins de trois ex-Electric Kings (LE Blues band belge de la décennie précédente). Et que cette joyeuse bande se dédie au répertoire sacré ( Big Bill Broonzy, Sleepy John Estes, Tampa Red et consorts), ou aux compos de Daniel (en authentique patois liégeois, incompréhensible au commun des mortels), le constat demeure le même : ce puriste est décidément bien moins coincé que la plupart de ses homolgues arthrosés ! Pas de basse, une slide et un harmo le plus souvent furieux et saturés, et le beat de cheval qu’imposent les gamelles de Willie Maes – tandis qu’un certain Lazy Horse assume le rôle du guitariste ruant dans les brancards…Jusque dans ses (rares) plages effectivement acoustiques, cet album est sans doute le plus bel hommage indirect jamais rendu au Canned Heat des tout débuts (quand l’érudition des deux leaders se confrontait au souffle des freaks d’alors). Ne souffrant nulle dissection,voici donc assurément un grand disque (b)loose, proche de l’esprit de nos propres Raoul Ficel et autres Bo Weavil Blues Band. D’ji noûveûre qui l’londi !
PRESTO