« Une sorte de révolution » par Jazz Magazine/Jazz man

On ne vous fera pas l’injure de vous faire découvrir l’un des fondateurs de la bossa nova, surtout après le n°636 de ce magazine. Mais ici, il s’agit vraiment des fondements de cette musique avec la réunion de trois albums : « Chega de Saudade », « O amor o Sorriso e a Flor » et « Joao Gilberto », parus respectivement en 1959, 1960 et 1961. On oublie peut-être aujourd’hui que ce mélange de suavité, d’absence d’efforts, d’harmonies savantes et de mélodies faciles à mémoriser fut en son temps une sorte de révolution. La musique brésilienne, jusque là, c’était surtout les flonflons du samba, les réminiscences européennes du choro, l’allure martiale de la batucuda, quand ce n’était pas le chapeau tout en ananas et bananes de Carmen Miranda. Et puis il y a eu la rencontre, que dis-je : la fusion, avec la musique venue de la moitié nord du continent américain grâce au génial Antonio Carlos Jobim. Découvrez dans les précieuses liner notes de Joël Leibovitz les péripéties de ces enregistrements. Tout ne fut pas aussi facile que ces chansons le donnent à penser, avec la voix de Gilberto si près de la confidence (ses influences : Henri Salvador - celui de Dans mon île, repris d’ailleurs plus tard par Gaetano Veloso - et… Chet Baker). Enregistrés d’abord en 78-tours, ces premiers morceaux n’excèdent pas les deux minutes et demie. Le succès n’était en effet pas garanti pour le chanteur guitariste originaire de Bahia dont on peut apprécier partout l’élégance instrumentale et en solo dans Um Abraço no Bonfa, dédié à Luiz Bonfa, autre guitariste fondateur. Voici donc réunis les thèmes qui seront la base de la bossa, avant qu’un enregistrement avec Stan Getz, en 1963, leur donne une dimension planétaire. Pêle-Mêle : Chega de Saudade, Maria Ninguêm, Bim Bom, Samba de Uma Notâ So, Meditaçao, Corcovado, Samba de Minha Terra, Saudade de Bahia, Trenzinho, Bolinha de Papel, Insensatez, etc. En tout, trente-six petits airs de rien entrés en douce(ur) au patrimoine de l’humanité. François-René SIMON –  JAZZ MAGAZINE/JAZZMAN