Zanini : ça balance terrible! par La Nouvelle République

De nombreux puristes pardonnent difficilement à Marcel Zanini ses refrains loufoques des années 70, oubliant que derrière le chanteur burlesque au petit chapeau et à l'épaisse moustache, mélange de Chaplin et Groucho Marx se cache un authentique jazzman, l'un des rares artistes qui, à plus de quatre-vingts ans, marie toujours humour et swing, tendresse et folie, nostalgie et bonne humeur. Sa clarinette joyeuse évoque le gazouillis aérien de Benny Goodman, sa première idole tandis que son ténor chaleureux retrouve les accents du monchalant Lester Young. Pour s'en convaincre il suffit d'écouter le dernier album de Zanini intitulé "Saint Germain des Près". Il réunit dix huit titres enregistrés entre 1966 et 1989, en majorité des compositions originales ou adaptations de thèmes célèbres. Qu'il interprète le blues traditionnel -"La fille sur la colline" et "Le bon temps"-, adopte le tempo shuffle -"C'est la barque du rêve", "Femme du monde", "One two"- ou s'abandonne dans la balade -"Rose lokoum" - Marcel Zanini apparaît comme un mélodiste inspiré, un swingman redoutable et un crooner au scat le plus débridé. Les puristes apprécieront sa belle improvisation a capella sur "Body and soul", un thème immortalisé par Coleman Hawkins dans les années quarante et son émouvante version, en trio, de "round about midnight" de Theleonious Monk. Avec la complicité de solistes de haut niveau notamment Claude Gousset au trombone, Xavier Chambon et Stéphane Belmondo à la trompette, Marc Hemmler au piano, Mar Edouard Nab le fils de Zanini et, surtout, Sam Woodyard, l'inoubliable batteur de l'orchestre Ellington, avec ses compères triés sur le volet, Marcel Zanini nous offfre une heure dix de jazz sans âge comme on aimerait en entendre plus souvent ! LA NOUVELLE REPUBLIQUE