« Le coffret Chansons 1957-1962 permet de retrouver ce début des années 60 qui firent de Sacha Distel une vedette sémillante des ondes. Avec le fameux Scoubidou qui le propulse en haut des charts dès 1958. Dans ce coffret de 3 CD, les nostalgiques retrouveront le parfum de toute une époque, même si l’ensemble a un brin vieilli quand même.
Tout le monde sait que Alexandre Sacha Distel – né en janvier 1933 – a commencé dans la vie d’artiste par le jazz. Il est vrai, quand on est, par sa mère, le neveu de Ray Ventura, on est à bonne école, même si l’enfant vit peu cet oncle qui courait déjà le monde entier avec son célèbre orchestre Pour autant, Sacha a appris très tôt à jouer du piano, des leçons imposés par sa mère, s’exerce au chant en imitant la star de l’époque, Maurice Chevalier. Dès ses 6 ans, il participe même à un radio-crochet en public, salle Washington, dont il sort vainqueur… La guerre et les persécutions contre les juifs vont mettre entre sourdine ses dons naissants et Sacha, envoyé pour sa sécurité en Provence, ne retrouve sa famille qu’à la libération de Paris. Tout en poursuivant des études de manière laborieuse, il s’intéresse alors au jazz grâce à cet oncle en assistant aux répétitions de son orchestre, les Collégiens. C’est grâce au guitariste du groupe, un certain Henri Salvador, qu’il se met à la guitare dont il va devenir un habile joueur.
Mais, c’est en assistant à un concert de Dizzy Gillespie, en 1948, que Sacha Distel a un choc en découvrant le be-bop. Cela va influencer la vie de son nouveau groupe, et Sacha va ensuite commencer cette carrière de musicien de jazz, est envoyé à New-York par son oncle pour y apprendre l’anglais et le métier d’éditeur. À son retour, après une idylle remarquée avec Brigitte Bardot, et après avoir accompagne notamment Juliette Gréco, il se lance dans la carrière en solo avec quatre chansons dont ce Tout bas, qui ouvre cette compilation avec une voix qui rappelle celle d’un certain Henri Salvador.
D’emblée Sacha adopte ce look de jeune premier bien habillé d’un smoking et nœud papillon en vrai crooner à la voix de velours. Il a trouvé sa griffe et ne cessera d’exploiter ce genre que l’on retrouve dans ce coffret avec des chansons aussi différentes que Fascination, Rose d’or ou encore Le Tour du monde, avec son orchestre à cordes. Des airs qui, même s’ils ont un parfum rétro indéniable aujourd’hui, sont un peu surannés, témoignent de l’atmosphère de l’époque où Sacha fait aussi ses premiers pas à la télévision où va mener, petit à petit, une autre carrière, mariant ses talents de chanteur à ses dons d’animateur. Paradoxalement, c’est une chanson en forme de clin d’œil, d’Allan Lewis et adaptée par Maurice Tézé – le fameux Scoubidou, ses pommes, ses poires… qui le rend très populaire.
Chansons 1957-1962 montre aussi comment il a pu travailler aussi avec Maurice Chevalier sur la bande originale de Gigi. Et comment, en digne neveu de Ray Ventura, il a su aussi chanter dans plusieurs langues, célébrant les charmes de la bossa nova avec Desafinado, ou se produisant dans une langue de Shakespeare impeccable comme en atteste les chanson de Everybody loves the lover, un titre en forme de philosophie de vie pour ce séducteur impénitent. Ce fut son premier disque en langue anglaise enregistré aux États-Unis et qui sort en France, au Canada et en Grande Bretagne.
Ainsi est née une icône de la chanson française qui mena de pair cette carrière télévisée remarquée et qui s’est éteint le 22 juillet 2004. »
François CARDINALI – CHANT SONGS