Intégrale André Comte-Sponville

Réf. : FA5297 / FA5225 / FA5193 / FA5163
ANDRE COMTE SPONVILLE , ANDRE COMTE SPONVILLE

Réf. : FA5297 / FA5225 / FA5193 / FA5163

Artistic Direction : FRANCOIS LAPEROU , PATRICK FREMEAUX & CLAUDE COLOMBINI

Label : Frémeaux & Associés

Total duration of the pack : 13 hours 12 minutes

Nbre. CD : 12

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Presentation

AVEC LA PARTICIPATION DE FRANCOISE DASTUR



This 3 CD box set delivers a conference with philosophers André Comte-Sponville and Michel Terestchenko discussing the notion of Evil. Two different approaches – the philosophical and psychological points of view – enable a better understanding of this fundamental matter of Humanity. In French.



COURS EN 3 CDs



“This 3CD boxset delivers a study about Love by French Philosopher André Comte-Sponville. This lesson is built around the three Greeks names of Love : éros, philia and agape. André Comte-Sponville proposes us to think about the complexity and beauty of theses three complementary ways to live – and love life. In French.” Patrick Frémeaux



“This 3 CD boxset features a conference recorded for Frémeaux & Associés by famed philosopher André Comte Sponville. In this recording, “Qu’est-ce qu’une spiritualité sans Dieu ?”, Comte Sponville recognizes the impossibility to live without spirituality, but clearly distinguishes it from the religions. In French.” Patrick Frémeaux & Claude Colombini



ANDRE COMTE-SPONVILLE & FRANCOIS JULIEN



This 3 CD boxset features the conferences of two philosophers separately and their meeting in a discussion on the notion of happiness. Each one studies a different cultural point of view of this decisive notion to reflect its signification in the Western World and in the Chinese philosophy. After a separated explanation of these two philosophies (in the first 2 CDs), André Comte-Sponville and François Lapérou have a discussion and confront with each over in a very instructive exchange of their two knowledges. Claude Colombini - Frémeaux



Tracklist
  • Piste
    Title
    Main artist
    Autor
    Duration
    Registered in
  • 1
    Présentation Françoise Dastur
    Françoise Dastur
    Françoise Dastur
    00:00:36
    2010
  • 2
    Bien/mal-Vrai/faux-Popper/Pascal
    André Comte-Sponville
    André Comte-Sponville
    00:07:19
    2010
  • 3
    Quel mal, quel maux dans la Théodicée de Liebnitz ?
    André Comte-Sponville
    André Comte-Sponville
    00:03:14
    2010
  • 4
    Le mal métaphysique ou de l'imperfection de n'être pas Dieu
    André Comte-Sponville
    André Comte-Sponville
    00:10:20
    2010
  • 5
    Simone Weil: pourquoi le monde?
    André Comte-Sponville
    André Comte-Sponville
    00:09:36
    2010
  • 6
    L'excès de mal comme argument
    André Comte-Sponville
    André Comte-Sponville
    00:02:21
    2010
  • 7
    Le mal physique et psychique ou la souffrance comme argument contre Dieu
    André Comte-Sponville
    André Comte-Sponville
    00:10:06
    2010
  • 8
    Le tétralème d'Epicure
    André Comte-Sponville
    André Comte-Sponville
    00:02:33
    2010
  • 9
    L'athéisme axiologique
    André Comte-Sponville
    André Comte-Sponville
    00:02:37
    2010
  • 10
    Pascal, le péché originel et l'athéisme
    André Comte-Sponville
    André Comte-Sponville
    00:02:47
    2010
  • 11
    L'hédonisme
    André Comte-Sponville
    André Comte-Sponville
    00:02:16
    2010
  • 12
    Le mal moral, son origine d'après Kant
    André Comte-Sponville
    André Comte-Sponville
    00:09:53
    2010
  • 13
    Pourquoi l'homme est mauvais par nature
    André Comte-Sponville
    André Comte-Sponville
    00:04:24
    2010
  • 14
    Le méchant, le pervers, le salaud, le médiocre
    André Comte-Sponville
    André Comte-Sponville
    00:07:51
    2010
  • 15
    Absoluité ou relativité du mal
    André Comte-Sponville
    André Comte-Sponville
    00:01:46
    2010
  • 16
    Contre le mal, quoi?
    André Comte-Sponville
    André Comte-Sponville
    00:00:55
    2010
  • Piste
    Title
    Main artist
    Autor
    Duration
    Registered in
  • 1
    Présentation Françoise Dastur
    Françoise Dastur
    Françoise Dastur
    00:01:21
    2010
  • 2
    Le jeu de la mort
    Michel Térestchenko
    Michel Térestchenko
    00:09:05
    2010
  • 3
    L'expérience Milgram
    Michel Térestchenko
    Michel Térestchenko
    00:05:05
    2010
  • 4
    La banalité du mal - des hommes ordinaires
    Michel Térestchenko
    Michel Térestchenko
    00:04:05
    2010
  • 5
    L'expérience Milgram/le jeu de la mort
    Michel Térestchenko
    Michel Térestchenko
    00:04:30
    2010
  • 6
    Le jeu de la mort-protocole
    Michel Térestchenko
    Michel Térestchenko
    00:02:16
    2010
  • 7
    Jeu de la mort - resultats et commentaires
    Michel Térestchenko
    Michel Térestchenko
    00:10:18
    2010
  • 8
    Dépersonnalisation et présence à soi
    Michel Térestchenko
    Michel Térestchenko
    00:02:17
    2010
  • 9
    Commentaires sur un livre de Sébastien Hafner - Histoire d'un allemand
    Michel Térestchenko
    Michel Térestchenko
    00:02:05
    2010
  • 10
    Les sujets rebelles et sujets dépersonnalisés
    Michel Térestchenko
    Michel Térestchenko
    00:04:52
    2010
  • 11
    Ce qui relève de la situation, ce qui relève des individus
    Michel Térestchenko
    Michel Térestchenko
    00:04:56
    2010
  • 12
    Nous sommes vulnérables, pédagogie de la faiblesse
    Michel Térestchenko
    Michel Térestchenko
    00:06:50
    2010
  • 13
    A propos de la liberté individuelle
    Michel Térestchenko
    Michel Térestchenko
    00:03:05
    2010
  • 14
    Alors que faire? La politique et l'intelligence de la situation
    Michel Térestchenko
    Michel Térestchenko
    00:08:10
    2010
  • 15
    Dialogue Françoise Dastur - Michel Téresctchenko - la réduction de l'homme à sa fonction source
    Michel Térestchenko
    Michel Térestchenko
    00:05:03
    2010
  • 16
    L' héroïsme
    Michel Térestchenko
    Michel Térestchenko
    00:02:42
    2010
  • Piste
    Title
    Main artist
    Autor
    Duration
    Registered in
  • 1
    Présentation Françoise Dastur
    Françoise Dastur
    Françoise Dastur
    00:01:02
    2010
  • 2
    A.C-S. - Penser la liberté
    André Comte-Sponville
    André Comte-Sponville
    00:02:58
    2010
  • 3
    A.C-S. - Le Moi et le Je
    André Comte-Sponville
    André Comte-Sponville
    00:03:39
    2010
  • 4
    A.C-S. - L'obéissant, l'irresponsable
    André Comte-Sponville
    André Comte-Sponville
    00:03:15
    2010
  • 5
    M.T. - Les notions de responsabilité et d'integrité chez les grands dissidents de l'Est
    Michel Térestchenko
    Michel Térestchenko
    00:05:15
    2010
  • 6
    M.T. - La question du mal est une question qui s'oppose à Dieu mais pas à son existence
    Michel Térestchenko
    Michel Térestchenko
    00:11:35
    2010
  • 7
    A.C-S. - Comme la religion est compliquée, comme l'athéisme est simple
    André Comte-Sponville
    André Comte-Sponville
    00:04:30
    2010
  • 8
    A.C-S. - Le mal, l'existence de Dieu et l'idée de Dieu
    André Comte-Sponville
    André Comte-Sponville
    00:02:05
    2010
  • 9
    M.T. - La seule question valable qui se pose est celle d'un Dieu incompréhensible
    Michel Térestchenko
    Michel Térestchenko
    00:04:44
    2010
  • 10
    A.C-S. - Liebnitz et Bergson: sur rien ou quelque chose
    André Comte-Sponville
    André Comte-Sponville
    00:04:04
    2010
  • 11
    M.T. - L' idée de Dieu structure l'existence de l'homme
    Michel Térestchenko
    Michel Térestchenko
    00:02:51
    2010
  • 12
    A.C-S. - Antihumanisme théorique, humanisme pratique
    André Comte-Sponville
    André Comte-Sponville
    00:09:12
    2010
  • 13
    M.T. - Le polythéisme a pensé la femme et l'homme
    Françoise Dastur
    Françoise Dastur
    00:02:47
    2010
  • 14
    A.C-S. - Le mal, le diable et les méchants
    André Comte-Sponville
    André Comte-Sponville
    00:05:02
    2010
  • 15
    M.T. - Le diable, est-ce une hypothèse qui a un sens, qui est féconde?
    Michel Térestchenko
    Michel Térestchenko
    00:05:59
    2010
  • 16
    M.T. - Vouloir le mal pour le mal, impossible
    Michel Térestchenko
    Michel Térestchenko
    00:02:56
    2010
  • 17
    A.C-S. - Le mal, la tristesse, la souffrance, le bien, la joie et le plaisir
    André Comte-Sponville
    André Comte-Sponville
    00:03:24
    2010
  • Piste
    Title
    Main artist
    Autor
    Duration
    Registered in
  • 1
    Introduction
    Comte-Sponville André
    André Comte-Sponville
    00:04:42
    2007
  • 2
    L'amour n'est pas un devoir
    Comte-Sponville André
    André Comte-Sponville
    00:05:07
    2007
  • 3
    Entre amour et morale
    Comte-Sponville André
    André Comte-Sponville
    00:04:35
    2007
  • 4
    Quand l'amour n'est pas là
    Comte-Sponville André
    André Comte-Sponville
    00:07:20
    2007
  • 5
    Le paradoxe du droit et de la politesse
    Comte-Sponville André
    André Comte-Sponville
    00:04:59
    2007
  • 6
    Les trois amours: eros, philia, agape
    Comte-Sponville André
    André Comte-Sponville
    00:02:15
    2007
  • 7
    Première partie: eros ou l'amour passion
    Comte-Sponville André
    André Comte-Sponville
    00:01:54
    2007
  • 8
    L'amour dans Le Banquet de Platon
    Comte-Sponville André
    André Comte-Sponville
    00:05:20
    2007
  • 9
    Le discours d'Aristophane: Les illusions de l'amour
    Comte-Sponville André
    André Comte-Sponville
    00:06:05
    2007
  • 10
    Limites d'Aristophane: les désillusions de l'amour
    Comte-Sponville André
    André Comte-Sponville
    00:07:28
    2007
  • 11
    L'amour: une invention des femmes
    Comte-Sponville André
    André Comte-Sponville
    00:04:23
    2007
  • Piste
    Title
    Main artist
    Autor
    Duration
    Registered in
  • 1
    Le discours de Socrate: l'amour comme manque
    Comte-Sponville André
    André Comte-Sponville
    00:05:54
    2007
  • 2
    De Platon à Aragon: il n'y a pas d'amour heureux
    Comte-Sponville André
    André Comte-Sponville
    00:09:19
    2007
  • 3
    L'ennui selon Schopenhauer
    Comte-Sponville André
    André Comte-Sponville
    00:05:27
    2007
  • 4
    Quelle issue?
    Comte-Sponville André
    André Comte-Sponville
    00:07:44
    2007
  • 5
    L'amour platonique: s'élever en amour
    Comte-Sponville André
    André Comte-Sponville
    00:02:42
    2007
  • 6
    Deuxième partie: philia ou l' amour de ce qui ne manque pas
    Comte-Sponville André
    André Comte-Sponville
    00:04:53
    2007
  • 7
    L'amour comme joie, le désir comme puissance
    Comte-Sponville André
    André Comte-Sponville
    00:04:33
    2007
  • 8
    L'erreur de Platon
    Comte-Sponville André
    André Comte-Sponville
    00:04:52
    2007
  • 9
    Les deux pôles de l'amour: le manque et la joie
    Comte-Sponville André
    André Comte-Sponville
    00:04:52
    2007
  • 10
    Une déclaration spinoziste d'amour
    Comte-Sponville André
    André Comte-Sponville
    00:05:27
    2007
  • 11
    Qu'est-ce qu'un couple heureux?
    Comte-Sponville André
    André Comte-Sponville
    00:05:29
    2007
  • Piste
    Title
    Main artist
    Autor
    Duration
    Registered in
  • 1
    Illusions de la passion, vérité du couple
    Comte-Sponville André
    André Comte-Sponville
    00:06:25
    2007
  • 2
    Aimer la vérité de l'autre
    Comte-Sponville André
    André Comte-Sponville
    00:04:43
    2007
  • 3
    Troisième partie: agape ou l'amour du prochain
    Comte-Sponville André
    André Comte-Sponville
    00:05:42
    2007
  • 4
    L'amour de charité comme idéal
    Comte-Sponville André
    André Comte-Sponville
    00:04:47
    2007
  • 5
    Première exemple: l'amour parental
    Comte-Sponville André
    André Comte-Sponville
    00:04:10
    2007
  • 6
    Deux autres exemples: la création du monde selon Simone Weil
    Comte-Sponville André
    André Comte-Sponville
    00:05:04
    2007
  • 7
    L'amour de soi
    Comte-Sponville André
    André Comte-Sponville
    00:04:59
    2007
  • 8
    Amour de concupiscence ou de bienveillance
    Comte-Sponville André
    André Comte-Sponville
    00:03:57
    2007
  • 9
    Conclusion
    Comte-Sponville André
    André Comte-Sponville
    00:05:12
    2007
  • 10
    Universalité de l'amour
    Comte-Sponville André
    André Comte-Sponville
    00:06:18
    2007
  • 11
    D'où vient l'amour
    Comte-Sponville André
    André Comte-Sponville
    00:03:33
    2007
  • Piste
    Title
    Main artist
    Autor
    Duration
    Registered in
  • 1
    Pour le droit de croire et de ne pas croire
    André Comte-Sponville
    00:00:44
    2007
  • 2
    Traité du silence
    André Comte-Sponville
    00:03:00
    2007
  • 3
    Mon intérêt pour la vie spirituelle
    André Comte-Sponville
    00:03:22
    2007
  • 4
    Le paradoxe de la spiritualité sans dieu
    André Comte-Sponville
    00:02:39
    2007
  • 5
    Présentation
    André Comte-Sponville
    00:04:49
    2007
  • 6
    Depuis que je ne crois plus en dieu
    André Comte-Sponville
    00:05:21
    2007
  • 7
    Une autre façon d'être athée
    André Comte-Sponville
    00:05:03
    2007
  • 8
    Un athée non dogmatique
    André Comte-Sponville
    00:03:44
    2007
  • 9
    Dieu existe-t-il ?
    André Comte-Sponville
    00:03:42
    2007
  • 10
    La perte de la foi
    André Comte-Sponville
    00:05:41
    2007
  • 11
    Peut-on se passer de religion ?
    André Comte-Sponville
    00:05:43
    2007
  • 12
    Religion, première étymologie : relier
    André Comte-Sponville
    00:03:13
    2007
  • 13
    Deuxième étymologie : relire
    André Comte-Sponville
    00:05:14
    2007
  • 14
    La transmission des valeurs
    André Comte-Sponville
    00:03:07
    2007
  • 15
    Héritiers d'une tradition
    André Comte-Sponville
    00:04:36
    2007
  • Piste
    Title
    Main artist
    Autor
    Duration
    Registered in
  • 1
    Une histoire juive
    André Comte-Sponville
    00:04:52
    2007
  • 2
    Ma façon d'être athée
    André Comte-Sponville
    00:07:22
    2007
  • 3
    L'esprit du Christ
    André Comte-Sponville
    00:07:51
    2007
  • 4
    Mes raisons d'être athée
    André Comte-Sponville
    00:01:21
    2007
  • 5
    L'absence de preuves
    André Comte-Sponville
    00:04:58
    2007
  • 6
    La faiblesse des prétendues preuves
    André Comte-Sponville
    00:07:08
    2007
  • 7
    La faiblesse des expériences
    André Comte-Sponville
    00:07:16
    2007
  • 8
    Expliquer l'incompréhensible par dieu
    André Comte-Sponville
    00:02:24
    2007
  • 9
    L'excès du mal
    André Comte-Sponville
    00:03:33
    2007
  • 10
    Le dieu faible
    André Comte-Sponville
    00:05:21
    2007
  • 11
    Médiocrité de l'homme
    André Comte-Sponville
    00:04:18
    2007
  • 12
    Une illusion
    André Comte-Sponville
    00:03:31
    2007
  • 13
    Limite des arguments
    André Comte-Sponville
    00:00:52
    2007
  • Piste
    Title
    Main artist
    Autor
    Duration
    Registered in
  • 1
    Les vertus théologales
    André Comte-Sponville
    00:04:55
    2007
  • 2
    La fidelité plutôt que la foi
    André Comte-Sponville
    00:05:46
    2007
  • 3
    Le problème de l'espérance
    André Comte-Sponville
    00:04:16
    2007
  • 4
    Espérance et désespoir
    André Comte-Sponville
    00:06:33
    2007
  • 5
    L'amour plutôt que l'espérance
    André Comte-Sponville
    00:04:20
    2007
  • 6
    La mystique
    André Comte-Sponville
    00:06:10
    2007
  • 7
    Une expérience personnelle
    André Comte-Sponville
    00:05:27
    2007
  • 8
    Le mystère de l'être
    André Comte-Sponville
    00:05:04
    2007
  • 9
    Plénitude, silence, unité, simplicité, éternité, sérénité
    André Comte-Sponville
    00:04:58
    2007
  • 10
    Acceptation, indépendance
    André Comte-Sponville
    00:05:32
    2007
  • 11
    Conclusion
    André Comte-Sponville
    00:07:05
    2007
  • Piste
    Title
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  • 1
    PRESENTATION DE FRANCOISE DASTUR
    FRANCOISE DASTUR
    00:02:11
    2006
  • 2
    PRESENTATION D'ANDRE COMTE SPONVILLE
    ANDRE COMTE-SPONVILLE
    00:03:38
    2006
  • 3
    LE BONHEUR COMME BUT
    ANDRE COMTE-SPONVILLE
    00:04:18
    2006
  • 4
    LA PHILOSOPHIE ET LE BONHEUR
    ANDRE COMTE-SPONVILLE
    00:04:51
    2006
  • 5
    LE BONHEUR MANQUE
    ANDRE COMTE-SPONVILLE
    00:04:18
    2006
  • 6
    EXEMPLES DANS LA VIE D AUJOURD HUI
    ANDRE COMTE-SPONVILLE
    00:05:48
    2006
  • 7
    L'IMPOSSIBILITE DU BONHEUR
    ANDRE COMTE-SPONVILLE
    00:04:22
    2006
  • 8
    LE BONHEUR EN ACTE
    ANDRE COMTE-SPONVILLE
    00:06:59
    2006
  • 9
    PLATON ET SPINOZA
    ANDRE COMTE-SPONVILLE
    00:06:05
    2006
  • 10
    PLATON ET SPINOZA 2
    ANDRE COMTE-SPONVILLE
    00:05:46
    2006
  • 11
    LE BONHEUR DESESPEREMENT
    ANDRE COMTE-SPONVILLE
    00:03:31
    2006
  • 12
    L'ESPERANCE
    ANDRE COMTE-SPONVILLE
    00:04:27
    2006
  • 13
    L'ESPERANCE 2
    ANDRE COMTE-SPONVILLE
    00:03:55
    2006
  • 14
    TROIS OCCURENCES PRINCIPALES DU DESIR
    ANDRE COMTE-SPONVILLE
    00:03:05
    2006
  • 15
    CONCLUSION
    ANDRE COMTE-SPONVILLE
    00:04:22
    2006
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  • 1
    PRESENTATION DE FRANCOISE DASTUR 2
    FRANCOISE DASTUR
    00:01:55
    2006
  • 2
    PRESENTATION DE FRANCOIS JULLIEN
    FRANCOIS JULLIEN
    00:04:07
    2006
  • 3
    UN AILLEURS DE LA PENSEE
    FRANCOIS JULLIEN
    00:02:50
    2006
  • 4
    LA QUESTION DU BONHEUR
    FRANCOIS JULLIEN
    00:03:09
    2006
  • 5
    SE DISPENSER DE L IDEE DE BONHEUR
    FRANCOIS JULLIEN
    00:03:32
    2006
  • 6
    DU TAOISME AUX GRECS
    FRANCOIS JULLIEN
    00:04:55
    2006
  • 7
    LA LEVEE DE RIDEAU DE LA PHILOSOPHIE
    FRANCOIS JULLIEN
    00:02:48
    2006
  • 8
    DIVERSITE DES CONCEPTIONS DU BONHEUR
    FRANCOIS JULLIEN
    00:03:40
    2006
  • 9
    FINALITE DE LA VIE HUMAINE
    FRANCOIS JULLIEN
    00:02:15
    2006
  • 10
    LE MANQUE ET L ENNUI
    FRANCOIS JULLIEN
    00:06:15
    2006
  • 11
    DECALAGE DE LA QUESTION DU BONHEUR
    FRANCOIS JULLIEN
    00:04:20
    2006
  • 12
    LE PROCESSUS D ANIMATION
    FRANCOIS JULLIEN
    00:03:56
    2006
  • 13
    ETRE EN PHASE
    FRANCOIS JULLIEN
    00:03:11
    2006
  • 14
    PENSEE DU BONHEUR EN GRECE ARCHAIQUE
    FRANCOIS JULLIEN
    00:05:27
    2006
  • 15
    L'ADEQUATION QUI OUBLIE L'ADEQUATION
    FRANCOIS JULLIEN
    00:04:28
    2006
  • 16
    QUELQUES FORMULES CHINOISES
    FRANCOIS JULLIEN
    00:04:12
    2006
  • 17
    PENSEES CHINOISE ET GRECQUE EN REGARD
    FRANCOIS JULLIEN
    00:02:19
    2006
  • 18
    L'APPORT DE L'IDEE DE BONHEUR
    FRANCOIS JULLIEN
    00:06:36
    2006
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    PRESENTATION DE FRANCOISE DASTUR 3
    FRANCOISE DASTUR
    00:00:46
    2006
  • 2
    L'ORIENT N EXISTE PAS
    ANDRE COMTE-SPONVILLE
    00:03:26
    2006
  • 3
    IL FAUT S'ARRETER QUELQUE PART
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    00:02:33
    2006
  • 4
    L INSTANT LA DUREE LE PRESENT
    ANDRE COMTE-SPONVILLE
    00:05:47
    2006
  • 5
    PROJET SANS SUJET ET SANS FIN
    ANDRE COMTE-SPONVILLE
    00:02:40
    2006
  • 6
    FINALISME OU EFFICIENCE
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    00:02:29
    2006
  • 7
    GOOD LUCK
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    2006
  • 8
    LE PROCESSUS UNE TRANSFORMATION SILENCIEUSE
    FRANçOISE DASTUR
    00:07:08
    2006
  • 9
    LES PONTS ENTRE LA CHINE ET L EUROPE
    FRANCOIS JULLIEN
    00:04:33
    2006
  • 10
    LE CHAN
    FRANCOIS JULLIEN
    00:05:00
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  • 11
    LA PENSEE DU TEMPS EN CHINE
    FRANCOIS JULLIEN
    00:08:01
    2006
  • 12
    IMMANENCE CONCEPT ET EXPERIENCE
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    00:05:59
    2006
  • 13
    MONTAIGNE ET LE TRAGIQUE
    FRANCOIS JULLIEN
    00:06:04
    2006
  • 14
    LA PENSEE CHINOISE ET LE TRAGIQUE
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    00:04:15
    2006
  • 15
    MONTAIGNE ET LA RENCONTRE A LIEU
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    00:05:39
    2006
  • 16
    EPILOGUE
    FRANCOIS JULLIEN
    00:03:50
    2006
Booklet

LE MAL

Le Mal
Le méchant, Le salaud, Le pervers, Le médiocre 
Michel Terestchenko
André  COMTE-SPONVILLE

Avec la participation de Françoise Dastur
Coffret 3 cds + Livret 12 pages 


DISCOGRAPHIE

CD 1 - André Comte-Sponville ?

1. Présentation - Françoise Dastur. 0’37 ?
2. Bien/mal - Vrai/faux - Popper /Pascal. 7’19 ?
3. Quel mal, quels maux  dans la Théodicée de Leibnitz ?.3’14 ?
4. Le mal métaphysique  ou de l’imperfection de n’être pas Dieu.10’20 ?
5. Simone Weil : pourquoi le monde ?.9’37 ?
6. L’excès de mal comme argument .2’21 ?

7. Le mal physique et psychique, ou la souffrance comme argument contre Dieu..10’06 ?

8. Le tétralème d’Epicure.2’33 ?
9. L’athéisme axiologique.2’37
10. Pascal, le péché originel et l’athéisme.2’47
11. L’hédonisme.2’16
12. Le mal moral : son origine d’après Kant.9’54
13. Pourquoi l’homme est mauvais par nature ?.4’24
14. Le méchant, le pervers, le salaud, le médiocre.7’52
15. Absoluité ou relativité du mal.1’46
16. Contre le mal, quoi ?.0’55


CD 2 - Michel Terestchenko ?
1. Présentation - Françoise Dastur    1’22 ?
2. Le jeu de la mort    9’06 ?
3. L’expérience Milgram    5’06 ?
4. La banalité du mal - des hommes ordinaires    4’06 ?
5. L’expérience Milgram / le jeu de la mort    4’31 ?
6. Jeu de la mort - protocole    2’16 ?
7. Jeu de la mort - résultats et commentaires    10’19 ?
8. Dépersonnalisation et présence à soi    2’18 ?
9. Commentaires sur un livre de Sébastien Hafner -  Histoire d’un allemand    2’06
10. Les sujets rebelles et le sujets dépersonnalisés    4’52
11. Ce qui relève de la situation,  ce qui relève des individus    4’56
12. Nous sommes vulnérables -  pédagogie de la faiblesse    6’50
13. A propos de la liberté individuelle    3’06
14. Alors, que faire ?  La politique et l’intelligence de la situation    8’10
15. Dialogue F. Dastur - M. Terestchenko - la réduction  de l’homme à sa fonction source de pathologie    5’03
16. L’héroïsme    2’43


CD 3 - Le débat ?
1. Présentation - Françoise Dastur    1’03 ?
2. A.C.-S - Penser la liberté    2’58 ?
3. A.C.-S - Le Moi et le Je    3’40 ?
4. A.C.-S - L’obéissant, l’irresponsable    3’16 ?
5. M.T. - Les notions de responsabilité  et d’intégrité chez les grands dissidents de l’Est    5’16 ?
6. M.T. - La question du mal est une question  qui s’oppose à Dieu mais pas à son existence    11’35 ?
7. A.C.-S - Comme la religion est compliquée,  comme l’athéisme est simple    4’31 ?
8. A.C.-S - Le mal,  l’existence de Dieu et l’idée de Dieu    2’05 ?
9. M.T. - La seule question valable qui se pose  est celle d’un Dieu incompréhensible,  mais vivant, celui des prophètes    4’45
10. A.C.-S - Liebnitz et Bergson sur :  rien ou quelque chose    4’04
11. F.D. - L’idée de Dieu  structure l’existence de l’homme    2’51
12. A.C.-S - Antihumanisme théorique,  humanisme pratique    9’13
13. F.D. - Le polythéisme  a pensé la femme et l’homme    2’47
14. A.C.-S - Le mal, le diable et les méchants    5’02
15. M.T. - Le diable, est-ce une hypothèse  qui a un sens, qui est féconde ?    6’00
16. M.T. - Vouloir le mal pour le mal, impossible    2’57
17. A.C.-S - Le mal, la tristesse, la souffrance.  Le bien, la joie et le plaisir    3’24

LE MAL

Le colloque, organisé par Artefilosofia, association créée et dirigée par François Lapérou, qui a réuni à Cannes le 13 mars 2010 trois philosophes, André Comte-Sponville, Françoise Dastur et Michel Terestchenko, portait sur le mal, une des questions les plus difficiles de la philosophie, mais qui ne cesse aussi de se poser pour chacun d’entre nous dans notre vie la plus quotidienne.  C’est à André Comte-Sponville qu’est d’abord revenue la tâche d’aborder de manière frontale et dans toute son ampleur philosophique la question du mal. André Comte-Sponville, ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm et ancien Maître de Conférences de philosophie à la Sorbonne, tient une place importante dans la vie intellectuelle et philosophique française. Il a publié au cours des vingt-cinq dernières années un grand nombre d’ouvrages dont certains, tels le Traité du désespoir et de la béatitude (2 tomes, PUF, 1984 et 1988) et le Petit traité des grandes vertus (PUF, 1995) ont connu une très grande audience. Mais il est aussi connu par ses écrits sur l’amour (L’Amour la solitude, paru chez Albin Michel en 2000, et réédité dans Le Livre de Poche en 2003) et sur le bonheur (La plus belle histoire du bonheur, paru au Seuil dans la collection Points, en 2006, et Le Bonheur, désespérément, paru aux éditions Pleins Feux, en 2003), deux thématiques qui ont déjà donné lieu à des enregistrements aux éditions Frémeaux (L’amour, 3 CD audio, et Le bonheur, visions occidentale et chinoise, avec François Jullien, 3 CD audio). Il était donc particulièrement intéressant de lui demander d’intervenir sur le thème du mal, qu’il n’a pas abordé directement jusqu’ici dans ses ouvrages.  Michel Terestchenko, pour sa part, a choisi de situer son propos non pas directement au niveau philosophique, mais dans celui de la psychologie sociale qui prend en compte les conduites effectives des individus. Michel Terestchenko, maître de conférences à l’Université de Reims et à l’Institut d’études politiques d’Aix en Provence, a consacré plusieurs ouvrages à des questions de philosophie politique et morale, dont en particulier Enjeux de philosophie politique moderne : les violences de l’abstraction, PUF, 1992, et Amour et désespoir : de François de Sales à Fénelon, Seuil, 2000. Mais il est surtout connu pour son essai Un si fragile vernis d’humanité : banalité du mal, banalité du bien (La Découverte, 2005) et pour son livre Les Complaisantes  (F. X. de Guibert, 2007), écrit en collaboration avec l’historien Edouard Husson, qui est une critique des Bienveillantes de Jonathan Littell et une réflexion sur le traitement du mal en littérature, réflexion qui a pris une nouvelle forme dans son dernier essai intitulé Du bon usage de la torture, ou comment les démocraties justifient l’injustifiable (La Découverte, 2007). Quant à Françoise Dastur, son rôle a simplement consisté à se faire la médiatrice de ce dialogue. Françoise Dastur, professeur de philosophie à la retraite et spécialiste de philosophie allemande, a consacré l’ensemble de ses recherches à la phénoménologie (Heidegger et la question du temps, PUF, 1990, Chair et langage, Essais sur Merleau-Ponty, Encre Marine, 2001), mais elle s’est également intéressée à la question de la tragédie (Hölderlin, Le retournement natal, Encre Marine, 1997) et à celle de la finitude et de la mort (Comment affronter la mort ?, Bayard, 2005, La mort, Essai sur la finitude, PUF, 2007). 

L’idée maîtresse développée par André Comte-Sponville dans la très belle leçon de philosophie classique qu’il propose ici, c’est, pour la résumer d’une formule, que l’existence du mal, qui est pour le croyant un problème difficile, voire impossible à résoudre, est au contraire pour l’athée un argument contre Dieu. Si l’on part en effet de l’idée, convaincante, que le mal est plus facile à connaître et à définir que le bien, on doit distinguer trois formes du mal, physique, métaphysique et morale, comme le fait d’ailleurs Leibniz, philosophe allemand du 17e siècle, dans sa Théodicée, mot qui signifie littéralement “justice rendue à Dieu”. Il s’agit donc de rendre compte avant tout dans cette perspective du mal dit “métaphysique”, et de répondre aux deux questions parallèles : “si Dieu existe, d’où vient le mal ?” et “si Dieu n’existe pas, d’où vient le bien ?”,  lesquelles ont cependant pour  désavantage d’établir une fausse symétrie entre le croyant et l’athée, puisque, pour ce dernier, il est tout à fait possible de répondre à la deuxième question en montrant que ce qui est à l’origine du bien, l’amour et la compassion, sont des avantages du point de vue strictement scientifique de la sélection naturelle. Quant à la réponse de Leibniz à la première question, elle consiste à montrer que le mal n’est que l’absence du bien, et donc une simple privation, ce qui a pour but de montrer que Dieu ne l’a donc pas créé. Argument auquel il faut reconnaître une certaine force, moins dans la version qu’en donne Leibniz, suivant en cela St Augustin, que dans celle donnée par Simone Weil, qui explique que Dieu ne pouvait, en créant le monde, qu’être à l’origine d’un être moins parfait que lui, ce qui veut dire qu’il a par amour consenti à se retirer, Dieu et la création devant être considérés dans leur ensemble comme moins que Dieu seul. Un tel amour, qui consiste pour Dieu à renoncer à sa puissance pour faire place à l’autre, est donc à l’origine même du monde, qui n’est lui-même que l’espace du Dieu absent. Il n’en demeure cependant pas moins que cela ne constitue, pour André Comte-Sponville, qu’un argument insatisfaisant. Car ce qu’il s’agit d’expliquer, c’est moins l’existence du mal que celle de son excès. Et c’est ce qui nous amène à la question du mal physique et de la souffrance physique et mentale, tel que la dépeint par exemple le livre de Job dans l’Ancien Testament. Pour l’athée, l’existence de la souffrance ne fait pas en elle-même problème, car la nature ne doit rien aux êtres humains, alors qu’elle demeure une question cruciale pour le croyant, qui ne peut accepter ni que Dieu puisse vouloir le mal, ni qu’il  ne puisse l’empêcher, car ce serait là soit une limite à sa toute-puissance, soit une limite à sa bonté. Il paraît donc logique, si l’on prend pour base, comme le fait Marcel Conche, ce mal absolu qu’est la souffrance des enfants, mal qui ne peut être considéré comme relatif, c’est-à-dire comme servant de moyen à l’égard d’un plus grand bien, d’en déduire un “athéisme axiologique” fondé sur l’exigence morale selon laquelle un Dieu ne pourrait pas vouloir cela. Un tel athéisme “moral” ne peut cependant pas déboucher sur un hédonisme érigé en principe inconditionnel, car s’il faut reconnaître que ce que Freud nomme “le principe de plaisir” est un fait de nature, il n’en demeure pas moins limité par l’existence des autres. 

On en arrive alors au problème posé par le mal moral, et ici, c’est vers Kant, le grand philosophe allemand du 18e siècle, qu’il s’agit de se tourner, car il a montré qu’il existe en l’homme un “mal radical” qui ne dépend ni de sa sensibilité, ni de sa raison prises en elles-mêmes, mais uniquement de l’inversion de la hiérarchie qui doit régner entre elles et qui devrait toujours nous obliger à subordonner notre plaisir et notre bonheur à notre raison et à notre devoir moral. C’est à partir de là que l’on peut dresser le tableau des figures possibles du mal, celle du méchant, du salaud, du pervers et du médiocre. Le méchant, celui qui fait le mal par amour pour le mal, c’est le Diable lui-même et non l’homme, lequel peut par contre être ce que nous nommons un “salaud”, c’est-à-dire celui qui fait le mal parce qu’il ne recherche que son bien propre, alors que le pervers est celui qui, tel le sadique, trouve, lui, son bien propre dans le mal qu’il inflige à autrui. Il reste naturellement la figure la plus commune, celle du médiocre, que nous sommes tous la plupart du temps, dans la mesure où elle correspond à cet égoïsme ordinaire qui nous pousse à ne pas faire aux autres toute la place qui leur revient.  L’intervention de Michel Terestchenko porte sur le documentaire de Christophe Nick, intitulé “Le jeu de la mort”, dont la diffusion a été programmée sur France 2 pour le 19 mars 2010 et qu’il a pu voir en avant-première. Il s’agit de la reprise, cinquante ans après et dans le cadre d’un jeu télévisé, de la fameuse expérience, réalisée entre 1960 et 1963 par le psychologue américain Stanley Milgram à l’université de Yale, qui consistait à évaluer le degré d’obéissance d’un individu devant une autorité qu’il jugeait légitime et à analyser le processus de soumission à l’autorité dans le cas où elle induit à des actions posant des problèmes de conscience au sujet. Dans le cadre de l’expérience de Milgram, les participants étaient des hommes et des femmes de 20 à 50 ans de tous milieux et de différents niveaux d’éducation, qui avaient répondu à des annonces parues dans un journal local ayant pour but de recruter, en échange d’une rémunération, les sujets d’une expérience sur l’apprentissage présentée comme l’étude scientifique de l’efficacité de la punition, ici par des décharges électriques, sur la mémorisation. Elle comprenait donc trois sortes de participants : l’élève qui devait s’efforcer de mémoriser des listes de mots, l’enseignant qui dictait les mots à l’élève, vérifiait ses réponses et envoyait, en cas d’erreur, une décharge électrique de plus en plus forte, destinée à faire souffrir l’élève, et l’expérimentateur, représentant officiel de l’autorité. L‘expérimentateur et l’élève étaient en réalité des comédiens, les chocs électriques étaient fictifs, et les réactions aux chocs, simulées par l’acteur jouant le rôle de l’apprenant, allaient du gémissement au hurlement, à la supplication et enfin au silence. Les résultats de l’expérience de Milgram, qui a connu de nombreuses variantes, ont suscité beaucoup de commentaires, car il s’est avéré, à l’encontre des prédictions de ses organisateurs, que 65 % des participants avaient accepté d’envoyer des décharges électriques maximales. Dans le cas du jeu télévisé, qui a reproduit l’ensemble du même dispositif, mais qui avait lieu en présence d’un public ignorant tout de la simulation, 80 % des participants ont accepté d’envoyer les décharges électriques maximales.
Dans l’interprétation qu’il propose des résultats stupéfiants de ces expériences, Michel Terestchenko met l’accent sur le fait qu’elles confirment la thèse d’une “banalité du mal” que Hannah Arendt avait défendue dans son livre Eichmann à Jérusalem paru en 1963 et qui avait alors soulevé une grande polémique. Les participants, gens ordinaires qu’on ne peut accuser de méchanceté ou de sadisme, ont été pris au piège d’une situation dans laquelle la désobéissance s’avérait particulièrement difficile et où leur discernement moral se voyait occulté. Ils ont ainsi, pour la plupart d’entre eux, choisi de régler le conflit entre ce que leur commandait leur conscience morale et leur sensibilité et les ordres reçus en faveur de l’autorité, celle de la science dans le cas de l’expérience de Milgram, et celle de l’opinion publique dans le cas du jeu télévisé. Seuls les sujets rebelles ont pris conscience qu’ils n’étaient pas de simples agents d’exécution, mais les véritables responsables des actes accomplis. Ce qui ressort donc de l’analyse du comportement des uns et des autres, c’est que tous, y compris les organisateurs de l’ensemble du dispositif expérimental, ont été la proie d’un système de dépersonnalisation caractéristique des régimes totalitaires, mais qui peut être aussi celui des grandes entreprises et de bien des  institutions. La thèse que défend pour sa part Michel Terestchenko, c’est celle de la vulnérabilité fondamentale du sujet moral. On ne peut en effet ni affirmer que les participants étaient des individus absolument libres, ni qu’ils étaient au contraire entièrement dépendants de la situation. L’enseignement moral que l’on peut donc en tirer, c’est qu’il s’agit avant tout pour les sujets moraux de prendre conscience de leur propre faiblesse face à des situations où il est fait appel à leur obéissance et à leur docilité. On remarque en effet que, paradoxalement, les plus obéissants sont ceux qui privilégient les valeurs sociales d’intégration, de solidarité et de refus du conflit, alors que les rebelles, au contraire, se caractérisent par leur inadaptation à la vie sociale et leur tendance à la contestation systématique. Ce qu’il s’agirait donc d’enseigner du point de vue moral, ce n’est pas l’obéissance à un impératif catégorique indépendant des circonstances, mais au contraire la capacité à faire face à une situation afin de s’y comporter non pas en agent anonyme, mais en acteur autonome et responsables.
Le débat très riche et animé qui suit permet de distinguer clairement à la fois les points d’accord et les points de divergence entre ces deux approches du problème que pose l’existence du mal. L’accord, et même un accord profond, s’est tout d’abord fait sur l’analyse proposée par Michel Terestchenko de la dépersonnalisation caractérisant la figure de l’obéissant ou de l’irresponsable, qui, explique André Comte-Sponville, démissionne ainsi de sa fonction de sujet. Il faut en effet bien voir que se libérer de l’ego et de l’égoïsme, fondement de tout mal, ne veut nullement dire cesser d’être un sujet, c’est-à-dire un individu responsable et présent à lui-même, et se reconnaissant comme le véritable auteur des actes qu’il commet. C’est pourquoi la figure du sujet moral, c’est, selon Michel Terestchenko, celle par excellence du résistant ou du dissident, en tant précisément qu’elle met en échec le système de dépersonnalisation en vigueur. Là ou par contre, les positions respectives des deux intervenants sont demeurées largement divergentes, c’est sur la question de savoir si le mal peut ou non être une objection à l’existence de Dieu. Alors que pour Michel Terestchenko, la question du mal se pose d’abord à la pensée religieuse, et ne trouve pas de véritable solution rationnelle avec l’idée d’un Dieu calculateur dans les constructions philosophico-théologiques de la pensée classique, chez Leibniz et Malebranche, mais demeure un problème incompréhensible, vécu de manière douloureuse et intense pour un grand nombre de grands esprits, croyants et incroyants, tels Camus et Dostoïevski, pour André Comte-Sponville, qui se définit lui-même comme un “pascalien athée”, s’il y a bien un mystère de l’être, qui fait partie de la condition humaine, il n’y a pas par contre de mystère du mal, lequel constitue donc une objection fondamentale à l’existence même de Dieu. C’est pourquoi l’existence du Diable, de celui qui fait le mal pour le mal, est pour ce dernier une hypothèse inutile, puisque le mal et même l’excès du mal peuvent trouver leur raison d’être dans l’égoïsme humain, alors qu’elle demeure pour Michel Terestchenko une hypothèse féconde, non pas tant du point de vue philosophique que du point de vue littéraire, car elle met en évidence ce qui demeure incompréhensible dans l’existence du mal, qui ne peut être voulu que s’il n’est ni représenté ni vécu par celui qui le commet. Alors que Michel Terestchenko demeure sensible à l’abîme qui sépare l’excès du mal commis dans le cadre des systèmes de dépersonnalisation et la personnalité inconsistante et l’absence à soi des tortionnaires, et en conclut au caractère incompréhensible du mal, André Comte-Sponville affirme au contraire que l’existence du mal ne fait véritablement problème que pour les croyants, et qu’il peut être expliqué si, en matérialiste, on prend conscience du fait que le bien et le mal se distinguent tout simplement l’un de l’autre comme la joie et la tristesse, le plaisir et la souffrance, l’amour et la haine. 

Françoise Dastur

© 2010 Frémeaux & Associés – Groupe Frémeaux Colombini  

Arte-filosofia, est née d’une double constatation associée à une volonté. La première constatation est celle que toute idée à un moment ou à un autre se voit traduite sous une forme artistique, et que toute forme artistique se trouve sous-tendue par une idée. La seconde, c’est qu’à notre époque, en Europe, toute personne dans la recherche d’une vie harmonieuse se voit proposer globalement trois domaines d’exploration, la croyance avec le religieux, l’inconscient avec les disciplines en rapport avec le psychisme et le conscient avec les humanités au sens total du terme. Notre choix est celui des humanités, en y privilégiant les arts et la philosophie, d’où Arte-filosofia. Cela étant nous nous sommes imposés deux critères : ne solliciter comme intervenants que des professionnels reconnus pour leur compétence par leurs pairs respectifs, et que ces intervenants puissent s’exprimer clairement afin que tout un chacun puisse les écouter et les comprendre. Notre volonté fut de contribuer, dans notre ville de Cannes, au développement de la vulgarisation culturelle de très bonne qualité, pour cela nous avons donc créée en 2001 Arte-filosofia.
François Lapérou
Depuis 2005 Arte-Filosofia a créé les Rencontres De Cannes, colloque de trois jours en novembre de chaque année. Ce colloque est soutenu par la ville de Cannes. Autour des Médias, il a pour thématique une problématique de société et voit chaque année des journalistes, des spécialistes et des universitaires se rencontrer et débattre.
Le colloque est retransmis en direct sur Internet sur notre site.
Depuis trois ans un débat est retransmis par la Chaîne Parlementaire (LCP).
Toutes les vidéos sont sur www.rencontresdecannes.fr
2005 : TOCQUEVILLE et la démocratie aujourd’hui ?
2006 : L’OPINION – manipulation, tyrannie, maturité ?
2007 : VIRTUEL & MEDIAS, le journalisme en sursis ?
2008 : SPORT & MEDIAS – Politique. Argent. Ethique
2009 : ET APRES… QUEL NOUVEAU MONDE ?
2010 : FRANCE, TA CULTURE FOUT LE CAMP !

François LAPEROU
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Ecouter LE MAL, le méchant, le Salaud, le pervers, le médocre d'André COMTE-SPONVILLE et  Michel TERESTCHENKO. Avec la participation de Françoise Dastur (livre audio) © Frémeaux & Associés. Frémeaux & Associés est l'éditeur mondial de référence du patrimoine sonore musical, parlé, et biologique. Récompensés par plus de 800 distinctions dont le trés prestigieux Grand Prix in honorem de l'Académie Charles Cros, les catalogues de Frémeaux & Associés ont pour objet de conserver et de mettre à la disposition du public une base muséographique universelle des enregistrements provenant de l'histoire phonographique et radiophonique. Ce fonds qui se refuse à tout déréférencement constitue notre mémoire collective. Le texte lu, l'archive ou le document sonore radiophonique, le disque littéraire ou livre audio, l'histoire racontée, le discours de l'homme politique ou le cours du philosophe, la lecture d'un texte par un comédien (livres audio) sont des disques parlés appartenant au concept de la librairie sonore. (frémeaux, frémaux, frémau, frémaud, frémault, frémo, frémont, fermeaux, fremeaux, fremaux, fremau, fremaud, fremault, fremo, fremont, CD audio, 78 tours, disques anciens, CD à acheter, écouter des vieux enregistrements, cours sur CD, entretiens à écouter, discours d'hommes politiques, livres audio, textes lus, disques parlés, théâtre sonore, création radiophonique, lectures historiques, audilivre, audiobook, audio book, livre parlant, livre-parlant, livre parlé, livre sonore, livre lu, livre-à-écouter, audio livre, audio-livre, lecture à voix haute, entretiens à haute voix, etc...). Les livres audio sont disponibles sous forme de CD chez les libraires, dans les fnac et virgin, en VPC chez La librairie sonore, Audio-archives, Livraphone, Lire en tout sens, Livre qui Parle, Mots et Merveilles, Alapage, Amazon, fnac.com, chapitre.com etc.....Enfin certains enregistrements de diction peuvent être écouté par téléchargement auprès d'Audible (Audio direct - France loisirs) et d'iTunes (iStore d'Apple) et musicaux sur Fnacmusic.com., Virginméga et iTunes.

L’Amour

Cours en 3 Cds 
L’Amour 
André Comte- Sponville
 
CD1
01.
Introduction 4’42
02. L’amour n’est pas un devoir 5’07
03. Entre amour et morale 4’35
04. Quand l’amour n’est pas là 7’20
05. Le paradoxe du droit et de la politesse 4’59
06. Les trois amours : éros, philia, agapè 2’15
07. Première partie :  Éros, ou l’amour passion 1’54
08. L’amour dans Le Banquet de Platon 5’20
09. Le discours d’Aristophane :  les illusions de l’amour 6’05
10. Limites d’Aristophane :  les désillusions de l’amour 7’28
11. L’amour, une invention des femmes ? 4’24 
CD2
01. Le discours de Socrate :  l’amour comme manque 5’55
02. De Platon à Aragon :  “Il n’y a pas d’amour heureux” 9’19
03. L’ennui selon Schopenhauer 5’27
04. Quelle issue ? 7’44
05. L’amour platonique :  s’élever en amour 2’42
06. Deuxième partie : Philia, ou l’amour de ce qui ne manque pas 4’53 
07. L’amour comme joie, le désir comme  puissance (Aristote et Spinoza) 4’33
08. L’erreur de Platon 4’52
09. Les deux pôles de l’amour :  le manque et la joie 4’52
10. Une déclaration spinoziste d’amour ? 5’27
11. Qu’est-ce qu’un couple heureux? 5’29 
CD3
01. Illusions de la passion,  vérité du couple 6’22
02. Aimer la vérité de l’autre 4’43
03. Troisième partie : Agapè,  ou l’amour du prochain 5’42
04. L’amour de charité comme idéal 4’47
05. Premier exemple : l’amour parental 4’10
06. Deux autres exemples :  la création du monde selon Simone Weil, l’amour selon Adorno 5’04
07. L’amour de soi 4’59
08. Amour de concupiscence  ou de bienveillance ? 3’57
09. Conclusion 5’12
10. Universalité de l’amour ?  6’18
11. D’où vient l’amour ? 3’33 
L’amour 
L’amour se dit en plusieurs sens, qu’on se plaît parfois à confondre et que nous essaierons au contraire de distinguer.  Il y a le rêve de la fusion et l’expérience du manque. Il y a la passion et  l’amitié. Il y a l’amour qui prend et l’amour qui donne. Celui qui rêve et celui qui connaît. L’amour fou et l’amour sage. Il y a “la grande souffrance du désir”, comme dit Platon; mais aussi sa puissance et sa joie, comme dit Spinoza. Et puis il y a la  charité, la très douce et très pure charité. Mais en sommes-nous capables ? Tout cela peut se dire en grec, autour de trois mots, qui sont comme les trois noms de l’amour : éros, philia, agapè. C’est ce que nous essaierons de comprendre, en français, et tel est le plan de cet exposé.  La première partie porte sur éros. C’est l’amour passion, celui que l’on  ressent lorsqu’on est amoureux, celui qui n’aime que ce qui lui manque, celui qui veut prendre, posséder, garder. C’est la faim dévorante de l’autre : l’amour avide,  tant qu’il dure, ou déçu, lorsqu’il est rassasié. C’est l’amour selon Platon ou  Schopenhauer. La deuxième partie porte sur philia. C’est l’amour de ce qui ne manque pas, l’amour apaisé et joyeux, par exemple dans l’amitié ou le couple. Puissance de jouir, jouissance en puissance. C’est l’amour en acte (celui qu’on fait, qu’on donne, qu’on entretient). Chacun s’y réjouit de l’existence de l’autre et de leur amour : joie sur joie, plaisir sur plaisir ! C’est l’amour selon Aristote ou Spinoza. Enfin, la troisième partie porte sur agapè : c’est l’amour du prochain (celui dont on n’est ni l’amoureux ni l’ami), l’amour de charité, comme disent les chrétiens, celui qui accueille et recueille, donne et pardonne, celui qui renonce à affirmer  sa propre puissance, celui qui n’est plus que douceur et bienveillance, comme une amitié libérée de l’ego, comme une joie sans rivage et sans possessivité - comme une grâce. Cet amour serait Dieu, s’il nous avait créés (O Théos agapè estin, dit la  Première Épitre de Jean : “Dieu est amour”), et n’est peut-être qu’un idéal, que nous créons. Mais cet idéal nous éclaire, même si l’amour de charité ne brille que de loin ou par son absence. C’est l’amour selon Jésus ou Simone Weil, d’autant plus singulier qu’il se veut universel.
L’erreur serait d’opposer ces trois amours, comme s’il fallait choisir entre eux. Le vrai est qu’ils vont ensemble. Ce ne sont pas trois mondes différents, ni trois essences séparées. Ce sont plutôt trois pôles (dont l’un, peut-être, imaginaire), mais dans un même champ, qui est le champ d’aimer ; ou trois moments dans un même processus, qui est celui de vivre; ou trois concepts, toujours plus pauvres que l’infinie complexité du réel, qu’ils aident à comprendre, certes, mais ne sauraient remplacer. Reste alors à vivre ces trois amours, autant qu’on peut, et c’est la seule façon d’aimer la vie. Quoi de plus sot que de refuser la passion, lorsqu’elle est là ? Et quoi de plus vain, lorsqu’elle n’y est pas ? Quoi de plus joyeusement répétitif que le désir ? Quoi de plus désirable que la joie ? Quoi de plus doux que leur rencontre ? Le manque et la puissance vont ensemble, ensemble la douceur et la joie. Par exemple dans le couple, s’il est heureux ou lorsqu’il l’est : quels amants sans manque, sans plaisir, sans abandon ? Et quoi, dans une vie d’homme ou de femme, qui  ressemble davantage à l’humanité et au bonheur ? Trois amours, donc, et c’est l’amour même : l’amour qui prend, l’amour qui se réjouit et qui partage, l’amour qui donne et s’abandonne… Et sans doute chacun commence par prendre ou par recevoir. On ne pourrait autrement apprendre à  donner. Voyez la mère et l’enfant. Et quelle mère qui n’ait été enfant d’abord ? Éros est premier : nous commençons tous par prendre. Mais la joie en naît ou l’accompagne. Nous avons trop reçu, presque tous, pour n’avoir pas, parfois, envie de donner.  L’humanité commence là peut-être, et toujours recommence. La grâce d’être aimé précède la grâce d’aimer, et la rend possible. C’est en quoi l’amour est Dieu, s’il est tout-puissant, ou en tient lieu, s’il n’a d’autre force que la nôtre. Ce n’est pas le sens qui est aimable; c’est l’amour qui fait sens. 
ndré Comte-Sponville
© 2008 Frémeaux & Associés - Groupe Frémeaux Colombini SAS 
André COMTE-SPONVILLE 
Ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm. Agrégé de philosophie - Docteur de 3e cycle. Docteur Honoris Causa de l’Université de Mons-Hainaut, en Belgique.  Ancien Maître de Conférences de philosophie à la Sorbonne (Université Paris I). 
Bibliographie : 
Traité du désespoir et de la béatitude, en deux volumes (tome 1 : Le Mythe d’Icare, tome 2 : Vivre) - PUF.
Une éducation philosophique - PUF.
Valeur et vérité (Études cyniques) - PUF.
Impromptus. PUF.
L’amour la solitude - Albin Michel.
Présentations de la philosophie - Albin Michel.
Petit traité des grandes vertus - PUF. (Prix La Bruyère de l’Académie Française).
La sagesse des Modernes, avec Luc Ferry. Ed. Robert Laffont. 
L’être-temps – PUF, 1999.
Chardin ou la matière heureuse - Ed. Adam Biro.
Le bonheur, désespérément - Ed. Pleins Feux, 2000, rééd. Librio.
Dictionnaire philosophique - PUF, 2001.
Le capitalisme est-il moral ? - Albin Michel, 2004.
La philosophie - PUF, 2005 - coll. “Que sais-je ?”.
La vie humaine, avec l’artiste peintre Sylvie Thybert - Hermann, 2005.
L’esprit de l’athéisme (Introduction à une spiritualité sans Dieu) - Albin Michel, 2006.
Le miel et l’absinthe (Poésie et philosophie chez Lucrèce) - Hermann, 2008.  
Ecouter L'AMOUR par André Comte-Sponville (livre audio) © Frémeaux & Associés / Frémeaux & Associés est l'éditeur mondial de référence du patrimoine sonore musical, parlé, et biologique. Récompensés par plus de 800 distinctions dont le trés prestigieux Grand Prix in honorem de l'Académie Charles Cros, les catalogues de Frémeaux & Associés ont pour objet de conserver et de mettre à la disposition du public une base muséographique universelle des enregistrements provenant de l'histoire phonographique et radiophonique. Ce fonds qui se refuse à tout déréférencement constitue notre mémoire collective. Le texte lu, l'archive ou le document sonore radiophonique, le disque littéraire ou livre audio, l'histoire racontée, le discours de l'homme politique ou le cours du philosophe, la lecture d'un texte par un comédien (livres audio) sont des disques parlés appartenant au concept de la librairie sonore. (frémeaux, frémaux, frémau, frémaud, frémault, frémo, frémont, fermeaux, fremeaux, fremaux, fremau, fremaud, fremault, fremo, fremont, CD audio, 78 tours, disques anciens, CD à acheter, écouter des vieux enregistrements, cours sur CD, entretiens à écouter, discours d'hommes politiques, livres audio, textes lus, disques parlés, théâtre sonore, création radiophonique, lectures historiques, audilivre, audiobook, audio book, livre parlant, livre-parlant, livre parlé, livre sonore, livre lu, livre-à-écouter, audio livre, audio-livre, lecture à voix haute, entretiens à haute voix, parole enregistrée, etc...). Les livres audio sont disponibles sous forme de CD chez les libraires  et les disquaires, ainsi qu’en VPC. Enfin certains enregistrements de diction peuvent être écoutés par téléchargement auprès de sites de téléchargement légal.

Qu’est-ce qu’une spiritualité sans dieu?

André COMTE-SPONVILLE

Qu’est-ce qu’une spiritualité sans dieu?


À propos de l'esprit de l'athéisme - Coffret 3 cds



Qu’est-ce qu’une spiritualité sans Dieu ? (à propos de « L’esprit de l’athéisme »)

Religion et spiritualité sont deux choses différentes. On peut se passer de la première ; on ne pourrait renoncer à la seconde qu’en s’amputant d’une partie de son humanité. Qu’est-ce que la spiritualité ? C’est la vie de l’esprit. Qu’est-ce que l’esprit ? Le pouvoir de penser, de contempler, d’aimer, de rire. C’est donc le lot commun de l’humanité, et sa dimension la plus haute. Pas besoin d’un Dieu pour cela! Un cerveau et un cœur suffisent. Les athées n’ont pas moins d’esprit que les autres. Pourquoi s’intéresseraient-ils moins à la vie spirituelle ? Reste à penser une spiritualité laïque : une spiritualité sans Dieu, sans dogmes, sans Eglise. Cela suppose qu’on réponde à trois questions, qui servent de titre aux trois chapitres de mon livre L’esprit de l’athéisme (Albin Michel, 2006) : Peut-on se passer de religion ? Dieu existe-t-il ? Quelle spiritualité pour les athées ? C’est sur ces questions que je reviens dans le présent enregistrement, non pour lire ce que j’ai écrit mais pour essayer d’en donner une nouvelle version, peut-être plus vivante. Mon but, dans les deux cas, reste le même : montrer ce que peut être un athéisme non dogmatique et fidèle, qui inclut évidemment une morale et qui débouche sur une sagesse pour notre temps. L’enjeu – face au « retour du religieux » et au « choc des civilisations » – redevient décisif. La spiritualité est une chose trop importante pour qu’on l’abandonne aux intégristes. La laïcité, un bien trop précieux pour qu’on la confonde avec la haine antireligieuse. Elle serait plutôt le contraire : un amour exigeant de la liberté, pour soi et pour les autres. Aussi convient-il de combattre sur deux fronts : contre le fanatisme, contre le nihilisme, qui sont les deux formes actuelles de la barbarie. Et de trouver – ou de retrouver – une autre façon d’habiter l’infini, l’éternité, l’absolu. Spiritualité non de la transcendance mais de l’immanence ; non de la foi mais de la fidélité ; non de l’espérance mais de l’action et de l’amour.  Nous sommes déjà dans le Royaume : l’éternité, c’est maintenant.
André COMTE-SPONVILLE


André COMTE-SPONVILLE
Ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm –
Agrégé de philosophie - Docteur de 3e cycle –
Docteur Honoris Causa de l’Université de Mons-Hainaut, en Belgique.
Ancien Maître de Conférences de philosophie à la Sorbonne (Université Paris I)


Bibliographie :
Traité du désespoir et de la béatitude, en deux volumes (tome 1 : Le Mythe d’Icare, tome 2 : Vivre) - PUF, 1984 et 1988
Une éducation philosophique - PUF, 1989
Valeur et vérité (Études cyniques) - PUF, 1994
Petit traité des grandes vertus - PUF (Prix La Bruyère de l’Académie Française), 1995
Impromptus - PUF, 1996
La sagesse des Modernes, avec Luc Ferry - Ed. Robert Laffont, 1998
L’être-temps - PUF, 1999
Chardin ou la matière heureuse - Ed. Adam Biro, 1999
L’amour la solitude - Albin Michel, 2000
Présentations de la philosophie - Albin Michel, 2000
Le bonheur, désespérément - Ed. Pleins Feux, 2000, rééd. Librio
Lucrèce, poète et philosophe - La Renaissance du Livre, 2001
Dictionnaire philosophique - PUF 2001
Le capitalisme est-il moral ? - Albin Michel, 2004
La philosophie - PUF, 2005 - coll. « Que sais-je ? ».
La vie humaine, avec l’artiste peintre Sylvie Thybert (Hermann, 2005)
Dieu existe-t-il encore ?, (Le Cerf, 2005), avec le Père Philippe Capelle
L’esprit de l’athéisme : Introduction à une spiritualité sans Dieu (Albin Michel, 2006)


Ecouter André Comte-Sponville - Qu'est-ce qu'une spiritualité sans dieu? (livre audio) © Frémeaux & Associés. Frémeaux & Associés est l'éditeur mondial de référence du patrimoine sonore musical, parlé, et biologique. Récompensés par plus de 800 distinctions dont le trés prestigieux Grand Prix in honorem de l'Académie Charles Cros, les catalogues de Frémeaux & Associés ont pour objet de conserver et de mettre à la disposition du public une base muséographique universelle des enregistrements provenant de l'histoire phonographique et radiophonique. Ce fonds qui se refuse à tout déréférencement constitue notre mémoire collective. Frémeaux & Associés - La Librairie Sonore est partenaire de Radio France, Radio France Internationale, L’Institut National de l’Audiovisuel, l’Assemblée Nationale, l’Historial de la Grande Guerre, le Mémorial de Caen et assure l’édition sonore d’ouvrages en accord avec les ayants droit ou les successions ainsi que les grands éditeurs (les éditions Gallimard, Grasset, Plon, Le Seuil,…). Le texte lu, l'archive ou le document sonore radiophonique, le disque littéraire ou livre audio, l'histoire racontée, le discours de l'homme politique ou le cours du philosophe, la lecture d'un texte par un comédien (livres audio) sont des disques parlés appartenant au concept de la librairie sonore. (frémeaux, frémaux, frémau, frémaud, frémault, frémo, frémont, fermeaux, fremeaux, fremaux, fremau, fremaud, fremault, fremo, fremont, CD audio, 78 tours, disques anciens, CD à acheter, écouter des vieux enregistrements, cours sur CD, entretiens à écouter, discours d'hommes politiques, livres audio, textes lus, disques parlés, théâtre sonore, création radiophonique, lectures historiques, audilivre, audiobook, audio book, livre parlant, livre-parlant, livre parlé, livre sonore, livre lu, livre-à-écouter, audio livre, audio-livre, lecture à voix haute, entretiens à haute voix, parole enregistrée, etc...). Les livres audio sont disponibles sous forme de CD chez les libraires, dans les fnac et virgin, en VPC chez La Librairie Sonore, Audio-archives, Livraphone, Lire en tout sens, Livre qui Parle, Mots et Merveilles, Alapage, Amazon, fnac.com, chapitre.com etc.....Enfin certains enregistrements de diction peuvent être écouter par téléchargement auprès d'Audible (Audio direct - France loisirs) et d'iTunes (iStore d'Apple) et musicaux sur Fnacmusic.com, Virginméga et iTunes.

Le Bonheur

Le Bonheur
Visions occidentale et chinoise

André COMTE-SPONVILLE
François JULLIEN

Avec la participation de Françoise Dastur

LE BONHEUR VISION OCCIDENTALE ET VISION CHINOISE

Le colloque, organisé par Arte-filosofia, association créée et dirigée par François LAPÉROU, qui a réuni à Cannes le 25 février 2006 trois philosophes, André COMTE-SPONVILLE, Françoise DASTUR et François JULLIEN, portait sur le bonheur, question dont on peut penser qu’elle est celle que se pose fondamentalement tout homme. Il s’agissait pourtant, par la confrontation de la vision occidentale du bonheur comme but de la vie humaine avec la pensée chinoise d’un “vivre à propos”, de se demander si c’est bien la quête du bonheur qui doit véritablement gouverner la vie des êtres humains. C’est à André COMTE-SPONVILLE qu’est revenue la tâche de montrer l’importance de la notion de bonheur dans la pensée occidentale. André COMTE-SPONVILLE, ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm et ancien Maître de Conférences de philosophie à la Sorbonne, tient une place importante dans la vie intellectuelle et philosophique française. Il a publié au cours des vingt dernières années un grand nombre d’ouvrages dont certains, tels le Traité du désespoir et de la béatitude (2 tomes, PUF, 1984 et 1988) et le Petit traité des grandes vertus (PUF, 1995) ont connu une très grande audience. Mais c’est surtout dans un petit opuscule intitulé Le bonheur, désespérément (Pleins Feux, 2000) qu’il a abordé la question qui nous occupe ici. François JULLIEN était pour sa part chargé de nous introduire à une autre tradition de pensée, celle de la Chine, où la question du bonheur n’est précisément pas devenu un motif de pensée déterminant. François JULLIEN, dont les travaux sur la pensée chinoise font aujourd’hui autorité, est lui aussi un ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm, mais il a choisi très tôt de se tourner vers l’Extrême-Orient, où il a passé plusieurs années d’études, à Pékin, Shanghai, Hong-Kong et Tokyo. Actuellement professeur à l’Université de Paris VII et directeur de l’Institut de la pensée contemporaine, il a publié une vingtaine d’ouvrages, dont les plus connus sont L’éloge de la fadeur (Le Livre de Poche, 1993), Le détour et l’accès. Stratégies du sens en Chine et en Grèce (Grasset, 1995) Traité de l’efficacité (Grasset, 1997). C’est dans deux de ses derniers livres qu’il met plus précisément l’accent sur ce qui fait la spécificité de la Chine à l’égard de l’Occident : Un sage est sans idée ou l’autre de la philosophie (Seuil, 1998), et, en étroit rapport avec le thème d’aujourd’hui, Nourrir sa vie, à l’écart du bonheur (Seuil 2005). Quant à Françoise DASTUR, son rôle a simplement consisté à se faire la médiatrice de ce dialogue croisé entre Occident et Orient. Françoise DASTUR, professeur émérite de philosophie de l’Université de Nice, et spécialiste de philosophie allemande, a consacré l’ensemble de ses recherches à la phénoménologie (Heidegger et la question du temps, PUF, 1990, Chair et langage, Essais sur Merleau-Ponty, Encre Marine, 2001), mais elle s’est également intéressée à la question de la tragédie (Hölderlin, Le retournement natal, Encre Marine, 1997) et à celle de la finitude et de la mort (Comment affronter la mort ?, Bayard, 2005).


L’idée maîtresse développée par André COMTE-SPONVILLE, c’est que cette quête du bonheur, qui a si profondément marquée toute la tradition occidentale, ne peut déboucher que sur un échec, ce qui implique qu’on ne peut véritablement faire l’expérience du bonheur que lorsque celui-ci cesse d’être recherché et posé comme le but à atteindre pour toute existence humaine. Le bonheur a en effet été déterminé par les philosophes grecs, et en particulier par Aristote, comme le “souverain bien”, c’est-à-dire à la fois comme le bien le plus grand et comme le but ultime auquel tend le désir de l’homme. Le bonheur se voit ainsi défini comme la possession de ce que l’on désire. Mais tout dépend alors de la manière dont on conçoit le désir. Si on voit en lui un manque, comme c’est le cas dans toute la tradition idéaliste, de Platon à Schopenhauer, et même encore chez Sartre, le bonheur apparaît dès lors comme inaccessible, car la possession de ce que l’on désire est par définition impossible, puisque la satisfaction est la mort du désir et débouche inéluctablement, comme Schopenhauer l’a bien vu, sur l’ennui. Mais il est une autre manière de vivre le désir : non comme manque, aspiration à un bien ou une satisfaction future, mais comme pouvoir de jouir du présent, de ce qui ne nous fait pas défaut et peut nous effectivement nous combler. C’est ce qu’a bien compris Spinoza, pour lequel la béatitude n’est nullement un but, une fin vers laquelle on tend, mais un état dans lequel le sage se trouve déjà.
C’est à partir de là que s’éclaire le titre du petit opuscule intitulé “Le bonheur désespérément”. Cela ne veut nullement dire qu’il faut désespérément chercher le bonheur, mais au contraire qu’il s’agit de cesser de l’espérer, car pour vivre le bonheur, en faire l’expérience, il faut cesser de le rechercher. L’espérance engendre en effet nécessairement, comme Spinoza l’a bien montré, la crainte et donc la souffrance, si bien que la béatitude ne peut être conçue que comme le degré zéro de l’espoir. On espère en effet que ce que l’on n’a pas déjà et l’on n’a recours à l’espoir que lorsqu’on ne sait pas si ce que l’on souhaite adviendra ou n’adviendra pas, précisément car cela ne dépend pas de nous. Il n’y a donc d’espérance, c’est-à-dire de désir d’une chose future que là où l’on désire sans jouir, sans savoir et sans pouvoir. Comme André COMTE-SPONVILLE le déclare dans l’article “Bonheur” de son Dictionnaire philosophique (PUF, 2000) : “L’erreur est même de le chercher tout court. C’est l’espérer pour demain, où nous ne sommes pas, et s’interdire de le vivre aujourd’hui. Occupe-toi plutôt de ce qui compte vraiment : le travail, l’action, le plaisir, l’amour – le monde. Le bonheur viendra par surcroît, s’il vient, et te manquera moins, s’il ne vient pas. On l’atteint d’autant plus facilement qu’on a cessé d’y tenir. “Le bonheur est une récompense, disait Alain, qui vient à ceux qui ne l’ont pas cherché”.”
Ce qui retentit donc de manière très forte dans tout ce discours, c’est, comme le souligne Françoise DASTUR, un appel à vivre au présent et à habiter le réel, à laisser être toutes choses telles qu’elles sont. Mais cela n’implique-t-il pas une rupture radicale avec la culture chrétienne qui est la nôtre, si marquée par le dolorisme et la culpabilité ? Et d’autre part, n’y a-t-il pas dans cette quête du bonheur un certain égoïsme qui suppose l’oubli du malheur des autres et la mise à distance de l’histoire et de son cortège de maux ? Aspirer au bonheur comme à la fin suprême de toute existence, n’est-ce pas finalement aspirer au repos, c’est-à-dire à la mort, et n’est-il pas au contraire plus souhaitable de ne pas fuir le déchirement qui est au cœur de toute existence humaine et de s’efforcer de le vivre sans se bercer d’illusions ?
André COMTE-SPONVILLE se reconnaît volontiers dans cet appel à vivre au présent, mais à condition de ne pas en faire à nouveau un idéal ou un but. Vivre au présent ne peut dès lors avoir qu’un sens : cesser de s’occuper du bonheur, car ce n’est pas le bonheur qu’il s’agit d’aimer, mais la vie, comme l’a proclamé Montaigne. Il ne s’agit donc pas non plus d’aspirer à la sagesse, mais de se contenter de vivre, comme l’ont compris les plus grands sages, qui sont précisément ceux qui ne croient pas à la sagesse. C’est en apprenant à se déprendre de soi-même et à accepter l’impermanence que l’on parviendra à faire l’expérience de ce que le présent recèle paradoxalement d’éternel.


Pour François JULLIEN, se tourner vers la Chine ne signifie pas une fuite hors de la tradition occidentale, mais au contraire la recherche d’un point d’écart ou de recul, permettant de prendre conscience des partis pris implicites qui la gouvernent. Or la Chine représente le cas d’extériorité le plus grand par rapport à nous, non seulement par la langue, mais parce qu’elle est en outre restée jusqu’au XIXe siècle sans rapport d’histoire avec nous et qu’elle recèle une pensée aussi élaborée et textualisée que la nôtre. Or ce que met profondément en question la tradition chinoise, c’est l’idée, d’origine grecque, que le bonheur puisse constituer une idée régulatrice pour penser la vie humaine. A l’inverse de la tradition occidentale, dans laquelle l’idée du bonheur a constitué un philosophème fondamental, profondément liée à la pensée de la finalité, on trouve en Chine l’idée, déconcertante pour nous, qu’on peut se dispenser de l’idée du bonheur au profit d’une autre préoccupation, celle de “nourrir sa vie” – sa vie et non son corps ou son esprit, car cette rupture de plan entre le vital et l’idéel qui caractérise l’Occident n’y a pas pris forme, pas plus que l’idée de finalité, le Dao se définissant certes comme la voie à suivre, mais non pas comme une voie qui menant quelque part, mais simplement la voie par où ça passe, celle de la “viabilité”. Par rapport à la Grèce, qui a fait le choix du limité et a vu dans la vie une traversée menant d’un point de départ à un point d’arrivée, la pensée chinoise est demeurée pensée de l’indéterminé, du sans fond et du sans but. D’un bout à l’autre de l’Occident, d’Aristote à Freud, nonobstant tout ce qui les sépare – le bonheur étant dans la contemplation pour le premier, dans la jouissance pour le second –, c’est la même idée qui prévaut, celle qui voit dans le bonheur la finalité même de l’existence. Or comme nous l’avons vu, le bonheur est soit inatteignable et tragique, soit insupportable et générant l’ennui. C’est cette scène tragique qui constitue la clé de voûte de l’Occident.
Ce que permet le contact avec la pensée chinoise, c’est la déconstruction de deux idées qui sont au fondement de notre tradition, celle de la finalité et celle de l’âme en tant qu’elle a un statut séparé. Car ne pensant pas l’âme, mais seulement le processus d’animation, la pensée chinoise ne pense pas non plus le corps, mais uniquement son activité. C’est donc une pensée de la transformation, la seule question qui se pose pour l’être humain étant la nécessité de demeurer en phase, de transformer la situation de manière à en tirer parti. Ce qui caractérise la Grèce, c’est l’intériorisation de la notion de félicité qui, dès les Présocratiques, devient l’affaire de l’âme, alors qu’elle conserve en Chine son simple statut de prospérité matérielle. On n’y trouve donc pas de pensée de la destination ou du sens, mais l’idée que l’existence ne tend qu’à sa propre reconduction et à son renouvellement indéfini. Le seul impératif est de se maintenir évolutif, et pour cela de ne pas faire obstacle au passage de la vitalité. C’est ce qui explique que le sage soit “sans idée”, qu’il ne prenne jamais position de manière définitive et que sa sagesse ne s’immobilise dans aucun dire.
L’idée du bonheur ne se pose donc pas pour la pensée chinoise, car tout le contexte théorique qui la porte en Occident y est absent, de sorte que ce que l’on trouve en Chine, c’est  moins la solution de nos questions que la dissolution de celles-ci. Mais, en revanche, l’idée du bonheur a constitué pour l’Occident une ressource, car ayant permis de penser le progrès et l’utopie, elle a eu, par l’intermédiaire des philosophes et des intellectuels des effets politiques ignorés en Chine, où le lettré est constamment demeuré dans l’ombre du prince.
Ce qui ressort donc de cette plongée dans cet ailleurs qu’est pour nous la Chine, c’est, comme le remarque Françoise DASTUR, la prise de conscience de ce qui caractérise l’esprit européen, à savoir le prométhéisme, la nécessité du dépassement de soi. On s’aperçoit ainsi que l’aspiration au bonheur, que l’on croyait universelle, est en réalité un produit de l’histoire et de la culture. On peut cependant se demander ce que devient, dans cette pensée de l’indéterminé, l’idée de la Moira, de la part limitée de vie impartie à chacun, qui a gouverné la pensée grecque et qui est profondément liée à la définition grecque de l’homme comme mortel.
François JULLIEN insiste dans sa réponse sur ce qui caractérise la pensée européenne, à savoir le sens du sublime, de l’élévation et du dépassement qui va de pair avec celui du tragique et de l’épique. Il s’agit cependant moins pour le Chinois de vivre dans le présent que, comme le dit Montaigne, de “vivre à propos”, c’est-à-dire selon le moment. C’est pourquoi le progrès du sage tend à la facilité, à l’aisance dans l’immanence et non à l’héroïsme du dépassement de soi.


Au cours du dialogue croisé qui suit, l’écart entre les deux perspectives continue de se creuser. André COMTE-SPONVILLE met l’accent sur les penseurs occidentaux qui ont refusé l’idée de finalité, tels Spinoza et Montaigne, ce dernier apparaissant le plus proche, son peu d’intérêt de l’idée d’immortalité et d’éternité, de la pensée chinoise. François JULLIEN souligne l’absolutisation de l’idée du bonheur en Occident et se réclame lui aussi de Montaigne pour expliquer que la mort, qui ne constitue pas un problème en Chine, ne doit pas être considéré comme un événement, mais comme un processus continu coextensif à la vie. La langue chinoise, qui ne connaît ni déclinaison ni conjugaison, ne permet que de penser la durée et non ce que les Occidentaux appellent temps, qui unit en lui les trois dimensions du passé, du présent et du futur. C’est, explique-t-il, parce que le christianisme se donne comme une dramatisation de l’événement de la mort du Christ, qu’il a eu tant de mal à entrer en Chine. Il reconnaît qu’entre la tradition occidentale et la pensée chinoise, on peut établir un certain nombre de ponts, à travers les Stoïciens, Montaigne et Spinoza, et aujourd’hui la phénoménologie. A la question d’André COMTE-SPONVILLE concernant la possibilité de faire se rencontrer, dans la pensée d’un perpétuel aujourd’hui du monde, les penseurs chinois et les Présocratiques, François JULLIEN répond que la Chine ne pense que l’harmonie en cours, non pas le devenir, qui est l’ombre de l’être, et qu’elle ne réserve nulle place pour ce qui, chez les Présocratiques, demeure éternel, à savoir le logos et la vérité. André COMTE-SPONVILLE et François JULLIEN tombent d’accord pour reconnaître qu’il y a des lieux privilégiés d’ouverture de la pensée européenne à ce qui constitue son “ailleurs”, tel Montaigne, et prononcent tous deux une ferme condamnation de l’utilisation qui est faite en Occident de la pensée orientale qui se voit mise au service du développement personnel et intégrée ainsi à l’idéologie égotiste de l’Occident.
Françoise DASTUR
© Frémeaux & Associés – Groupe Frémeaux Colombini SAS 2007
Françoise DASTUR (Professeur émérite de philosophie à l’Université de Nice-Sophia Antipolis, Présidente de l’Ecole Française de Daseinanalyse)
 
Bibliographie :
Heidegger et la question du temps, P.U.F. 1990
Hölderlin, Le retournement natal, La Versanne, Encre Marine, 1997.
Chair et langage, Essais sur Merleau-Ponty, La Versanne, Encre Marine, 2001.
Philosophie et différence, Chatou, Ed. de la Transparence, 2004.
Comment affronter la mort ?, Paris, Bayard, 2005



Arte-filosofia, est née d’une double constatation associée à une volonté. La première constatation est celle que toute idée à un moment ou à un autre se voit traduite sous une forme artistique, et que toute forme artistique se trouve sous-tendue par une idée. La seconde, c’est qu’à notre époque, en Europe, toute personne dans la recherche d’une vie harmonieuse se voit proposer globalement trois domaines d’exploration, la croyance avec le religieux, l’inconscient avec les disciplines en rapport avec le psychisme et le conscient avec les humanités au sens total du terme. Notre choix est celui des humanités, en y privilégiant les arts et la philosophie, d’où Arte-filosofia. Cela étant nous nous sommes imposés deux critères : ne solliciter comme intervenants que des professionnels reconnus pour leur compétence par leurs pairs respectifs, et que ces intervenants puissent s’exprimer clairement afin que tout un chacun puisse les écouter et les comprendre. Notre volonté fut de contribuer, dans notre ville de Cannes, au développement de la vulgarisation culturelle de très bonne qualité, pour cela nous avons donc créée en 2001 Arte-filosofia.
François Lapérou
(Arte-filosofia * Résidence Sur Valley * 19, av. Prince de Galles * 06400 Cannes) 

Parmi les conférences et colloques organisés :
2006
       • 2èmes Rencontres de Cannes : colloque sur “L’opinion”.
       • “La place du corps dans la philosophie occidentale” par Françoise Dastur.
       • “Autrui dans la philosophie contemporaine” par Françoise Dastur.
       • “Montaigne” par Ali Benmakhlouf.
2005
      • 1ères Rencontres de Cannes : colloque sur
         “Tocqueville et la démocratie aujourd’hui”. 
      • “L’attirance de la mort dans Vertigo d’Hitchcock” par Jean-François Mattei.
      • “Les migrations culturelles” par Ali Benmakhlouf.
      • “L’art de l’insignifiance ou la mort de l’art” par Jean-François Mattei.
      • “Saint Exupéry, un humaniste?” par Thomas de Koninck.
      • “Les jeux du Je” par Bertrand Vergely.
2004
      • “Etres différents, êtres égaux?” par Albert Jacquard.
      • “Kandinsky - abstraction et spiritualité” par Catherine de Buzon.
      • “Le Caravage - Narcisse et la Méduse” par Christian Loubet.
      • “Bernini - le Michel-Ange du XVIIe siècle” par Gilbert Croué.
2003
      •“Quelles valeurs pour le XXIe siècle” par André Comte-Sponville.
      • “Le Yi Jing” par Cyrille J.-D.Javary.



André COMTE-SPONVILLE
Ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm. Agrégé de philosophie - Docteur de 3e cycle. Docteur Honoris Causa de l’Université de Mons-Hainaut, en Belgique.  Ancien Maître de Conférences de philosophie à la Sorbonne (Université Paris I).


Bibliographie :
Traité du désespoir et de la béatitude, en deux volumes
  (tome 1 : Le Mythe d’Icare, tome 2 : Vivre) - PUF.
Une éducation philosophique - PUF.
Valeur et vérité (Études cyniques) - PUF.
Impromptus. PUF.
L’amour la solitude - Albin Michel.
Présentations de la philosophie - Albin Michel.
Petit traité des grandes vertus - PUF. 
(Prix La Bruyère de l’Académie Française)
La sagesse des Modernes, avec Luc Ferry. Ed. Robert Laffont
L’être-temps – PUF, 1999.
Chardin ou la matière heureuse - Ed. Adam Biro.
Le bonheur, désespérément - Ed. Pleins Feux, 2000, rééd. Librio.
Lucrèce, poète et philosophe - La Renaissance du Livre, 2001.
Dictionnaire philosophique - PUF 2001.
Le capitalisme est-il moral ? – Albin Michel 2004.
La philosophie - PUF, 2005 - coll. “Que sais-je ?”.
La vie humaine, avec l’artiste peintre Sylvie Thybert (Hermann, 2005
Dieu existe-t-il encore ?, (Le Cerf, 2005) avec le Père Philippe Capelle.



François JULLIEN
Ancien élève de l’École normale supérieure de la rue d’Ulm (1972-1977). Agrégé de l’Université (1974). Étudiant des Universités de Pékin et Shanghai (1975-1977), Responsable de l’Antenne Française de sinologie à Hong-Kong (1978-1981), Pensionnaire de la Maison Franco-japonaise de Tokyo (1985-1987). Docteur de 3e cycle en Études Extrême-orientales (avril 1978). Docteur ès Lettres (décembre 1983). Ancien Président de l’Association Française des Études Chinoises (1988-1990). Ancien Directeur de l’UFR Asie orientale de l’Université Paris 7 - Denis Diderot (1990-2000). Ancien Président du Collège international de philosophie (1995-1998).
Actuellement : Professeur à l’Université Paris 7 - Denis Diderot. Nommé Membre senior de l’Institut Universitaire de France (promotion 2001). - Directeur du Centre Marcel Granet. - Directeur de l’Institut de la pensée contemporaine. - Directeur des Cahiers du Centre Marcel Granet, de la Collection Libelles et de l’Agenda de la pensée contemporaine aux Presses Universitaires de France.


Bibliographie :
Lu Xun, Ecriture et révolution – Presses de l’Ecole normale supérieure, 1979.
La Valeur allusive – Des catégories originales de l’interprétation poétique dans la tradition chinoise – 1985 ; rééd. PUF 2003.
La Chaîne et la trame – rééd. PUF 2004.
Procès ou création – 1989 ; rééd. Le Livre de Poche, “Biblio”, 1996.
La Propension des choses ; Pour une histoire de l’efficacité en Chine, Seuil 1992 ; réed. Collection Point, Seuil, 2003.
Eloge de la fadeur – rééd.  Le Livre de Poche, “Biblio” 1993.
Figure de l’immanence. Pour une lecture philosophique du Yi king ; Grasset Le Détour et l’accès. Stratégies du sens en Chine et en Grèce. Grasset 1995 ; rééd. Le Livre de Poche, “Biblio” 1997.
Fonder la morale. Dialogue de Mencius avec un philosophe des Lumières. Grasset 1995 ; rééd. Dialogue de la morale, Le Livre de Poche “Biblio” 1998.
Traité de l’efficacité – Grasset 1997 ; rééd. “Le Livre de Poche” 2002.
Un sage est sans idée ou l’autre de la philosophie – Seuil. 1998.
De l’Essence ou du nu – Seuil 2000 ; rééd. Le Nu impossible – Collection Point, Seuil 2005.
Du “Temps”. Eléments d’une philosophie du vivre. Grasset 2001.
La grande image n’a pas de forme, ou du non objet par la peinture – Seuil. 2003.
L’Ombre au tableau. Du mal ou du négatif – Seuil 2004.
Nourrir sa vie, à l’écart du bonheur – Seuil 2005.
Conférence sur l’efficacité, PUF, “Libelles”, 2005.
Ecouter Le Bonheur - Visions occidentale et chinoise d'
André COMTE-SPONVILLE et François JULLIEN. Avec la participation de Françoise Dastur (livre audio) © Frémeaux & Associés. Frémeaux & Associés est l'éditeur mondial de référence du patrimoine sonore musical, parlé, et biologique. Récompensés par plus de 800 distinctions dont le trés prestigieux Grand Prix in honorem de l'Académie Charles Cros, les catalogues de Frémeaux & Associés ont pour objet de conserver et de mettre à la disposition du public une base muséographique universelle des enregistrements provenant de l'histoire phonographique et radiophonique. Ce fonds qui se refuse à tout déréférencement constitue notre mémoire collective. Le texte lu, l'archive ou le document sonore radiophonique, le disque littéraire ou livre audio, l'histoire racontée, le discours de l'homme politique ou le cours du philosophe, la lecture d'un texte par un comédien (livres audio) sont des disques parlés appartenant au concept de la librairie sonore. (frémeaux, frémaux, frémau, frémaud, frémault, frémo, frémont, fermeaux, fremeaux, fremaux, fremau, fremaud, fremault, fremo, fremont, CD audio, 78 tours, disques anciens, CD à acheter, écouter des vieux enregistrements, cours sur CD, entretiens à écouter, discours d'hommes politiques, livres audio, textes lus, disques parlés, théâtre sonore, création radiophonique, lectures historiques, audilivre, audiobook, audio book, livre parlant, livre-parlant, livre parlé, livre sonore, livre lu, livre-à-écouter, audio livre, audio-livre, lecture à voix haute, entretiens à haute voix, etc...). Les livres audio sont disponibles sous forme de CD chez les libraires, dans les fnac et virgin, en VPC chez La librairie sonore, Audio-archives, Livraphone, Lire en tout sens, Livre qui Parle, Mots et Merveilles, Alapage, Amazon, fnac.com, chapitre.com etc.....Enfin certains enregistrements de diction peuvent être écouté par téléchargement auprès d'Audible (Audio direct - France loisirs) et d'iTunes (iStore d'Apple) et musicaux sur Fnacmusic.com., Virginméga et iTunes.

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